Le Québec en 10 lieux mystérieux Accueil / Contenus / Amérique du nord / Le Canada, une question de géographie / Le Québec / Le Québec en 10 lieux mystérieux Le mont Saint-Hilaire, un repaire d’extraterrestres ? © iStock / pascal-lessard Extrait du guide : Étonnant Québec! 150 expériences insolites En solde Papier (livre entier) 24,95 $ 29,95 $ Étonnant Québec! Voir la suite Le Québec en 10 lieux mystérieux Le Québec recèle des endroits mystérieux et méconnus, rattachés à son histoire, à ses mythes et à ses légendes, bien ancrées dans la culture collective. Voici quelques idées pour sortir des sentiers battus et explorer des coins surprenants du Québec! 1 Des vestiges inquiétants à Trois-Pistoles Difficile de s’imaginer la vie des marins qui s’arrêtaient à Trois-Pistoles le temps d’une pause, d’un transfert ou d’un ravitaillement, au milieu du XIXe s. Une parcelle de cette existence habite toujours les ruines de « la maison hantée de Trois-Pistoles », répertoriée au patrimoine culturel du Québec sous le nom de Maison-Hantée-de-Notre-Dame-des-Neiges. Construite vers 1850 par le pilote de navire Magloire Delisle et sa famille, la maison sert à l’époque de poste de transit et de taverne. Fréquentée par les marins, elle est le témoin du quotidien de ces hommes qui s’y retrouvent pour boire un coup, s’amuser… et se bagarrer. Car les esprits s’échauffaient souvent! Même qu’on raconte qu’un marin y est mort, poignardé à l’issue d’une rixe particulièrement violente. Selon l’histoire, les hommes se sont entendus pour enterrer son corps dans le sous-sol et taire l’événement. Évidemment, tous les catholiques vous diront que, sans sépulture en terre consacrée, point de repos de l’âme. Vous avez deviné la suite de cette légende? L’esprit tourmenté du défunt s'est mis à se manifester. D’abord, le fantôme est apparu pour réclamer qu’on l’enterre en bonne et due forme au cimetière, mais sans succès. Il a fait alors tant de tapage et a poussé des cris si effroyables que les propriétaires ont quitté leur maison définitivement. Jamais les restes du marin n’ont cependant été retrouvés. La maison a été achetée par un cultivateur en 1867, puis définitivement abandonnée au milieu du XXe s. Il n’en reste aujourd’hui que des pans de murs délabrés. Ruines de la maison hantée de Trois-Pistoles : ch. de la Grève-de-la-Pointe, Notre-Dame-des-Neiges 2 Un bunker en Beauce Pourquoi le mont Sainte-Marguerite se nomme-t-il aussi le mont Radar? En voici, une bonne histoire! Replongez-vous dans les années 1950, en pleine guerre froide. Le Québec n’échappe pas à la paranoïa qui touche son voisin américain et se met à craindre, lui aussi, une invasion russe qui passerait, selon l’une des théories retenues, par le nord. C’est dans ce contexte que fut choisi le mont Sainte-Marguerite, le plus haut de la région, pour installer une immense base militaire de surveillance aérienne, la No. 13 Aircraft Control & Squadron. Parmi les vestiges militaires se trouve l’impressionnante base de la tour « top secrète », un bunker de béton armé que vous pourrez visiter avec un guide-interprète. Un documentaire réalisé dans les années 1950 sur les activités et la vie quotidienne au mont Radar à l’époque est également projeté. En effet, une communauté de près d’un millier de personnes rattachées à la base militaire vivait dans les environs immédiats du mont Radar. En activité jusqu’en 1964, la base employait des militaires et des civils dont 25% étaient francophones. Fait à noter, 80% des militaires célibataires qui y travaillaient étaient des femmes! Une base de plein air occupe aujourd'hui les lieux. Domaine du Radar : rang Sainte-Catherine, Saint-Sylvestre; 418-596-1292, www.domaineduradar.com 3 Station ultrasecrète de la Seconde Guerre mondiale En face de Montmagny, la Grosse Île abrite le Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais, qui propose un retour dans le passé douloureux de l’immigration en Amérique du Nord. Fuyant les épidémies et la famine, les Irlandais furent nombreux à venir au Canada au cours des années 1830-1850. Afin de limiter la propagation du choléra et du typhus, les passagers des transatlantiques devaient subir une quarantaine sur la Grosse Île avant de débarquer dans le port de Québec. Parmi les nombreux immigrants qui y transitèrent, plus de 7 000 y périrent, dont 5 434 au cours de l’été 1847 seulement, alors que l’épidémie de typhus frappait particulièrement les immigrants irlandais. On évalue à 20 000 le nombre total de décès cette année-là, que ce soit en mer, sur la Grosse Île ou ailleurs sur le chemin des immigrants. Parmi la quarantaine de bâtiments qui sont encore debout, il est possible d’en visiter une dizaine, dont le bâtiment de désinfection et le lazaret (lieu de quarantaine). Mais saviez-vous que la Grosse Île cache une histoire encore plus étonnante? En effet, vous n’entendrez pas parler de tout un pan de ses activités lors de votre visite… En 1942, la Grosse Île devient le siège de la War and Disease Control Station, l’un des secrets les mieux gardés de la Seconde Guerre mondiale. Elle est donc choisie par les armées canadienne et américaine pour établir une station ultrasecrète de recherches expérimentales dans le but de fabriquer des armes bactériologiques et des vaccins. Avec le développement du Projet N (recherche et production d’anthrax dans le but de fabriquer des bombes bactériologiques) et du Projet R (recherches sur les vaccins et la fabrication du virus de la peste bovine), la Grosse Île aurait produit quelque 440 litres d’anthrax, suffisamment à l’époque pour rayer l’humanité de la carte… 30 fois, soit 70 milliards de doses mortelles. Vous avez bien lu! Les recherches militaires sur la Grosse Île se sont déroulées jusqu’en 1956, puis l’île fut entièrement décontaminée, deux fois plutôt qu’une! Aujourd’hui, toutes les zones de l’île sont accessibles au public. Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais : 418-234-8841, www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/qc/grosseile 4 Des coquillages au cœur de la forêt Impossible de s’imaginer, lorsqu’on se dirige vers ce site géologique postglaciaire en pleine forêt, qu’on y trouvera des dizaines de milliers de coquillages! Et pourtant, c’est bien à cette expérience que nous convie le Jardin des glaciers. On doit cet amoncellement de coquillages, situé à plus de 10 km du fleuve Saint-Laurent, à la mer de Goldthwait qui immergea la zone de l’estuaire, résultat de la fonte de l’inlandsis laurentien, un immense glacier recouvrant une bonne partie de l’Amérique du Nord il y a 20 000 ans. Un guide vous fera d’abord observer un banc coquillier qui atteint 15 m de hauteur, puis vous dirigera vers un site composé à 90% de coquillages datant d’au moins 8 000 ans et même de 10 000 ans! Vous pourrez ensuite prendre part à diverses animations, dont des activités de fouilles et d’identification. Situé en pleine forêt boréale, ce curieux phénomène est unique au monde! La visite du centre d’interprétation du Jardin des glaciers, aménagé dans une ancienne église, est incontournable pour découvrir comment la formation du glacier et sa fonte ont sculpté le paysage québécois. On y propose un passionnant parcours multimédia de 45 minutes. Jardin des glaciers : 3 av. Denonville, Baie-Comeau; 418-296-0182, www.lejardindesglaciers.com 5 L’église des naufrages La plus vieille église des îles de la Madeleine est beaucoup plus qu’un joyau du patrimoine architectural madelinot; elle s’inscrit dans une des légendes les plus fascinantes de l’archipel. En effet, l’église Saint-Pierre-de-La-Vernière, surnommée la « cathédrale des îles », cache une histoire de diable… et de naufrage, puisqu’il s’agit d’un mythe aux couleurs locales! En 1846, on érige sur le site une première chapelle avec le bois récupéré sur les berges environnantes par des gens qui voyaient l’apparition magique du précieux matériau comme un cadeau de la providence… Or, ce bois, destiné à la construction de bateaux en Angleterre, s’était échoué sur la plage à la suite du naufrage du navire qui le transportait. Il est important de mentionner ici que ces cargaisons de bois avaient été préalablement maudites par le capitaine, qui, encore troublé par ses déboires en mer, les avait envoyées au diable, selon l’expression consacrée. Inévitablement, la chapelle érigée avec ce bois ne sera qu’une construction éphémère, rasée dès la première tempête. Vaillants, les habitants retiennent la leçon et mènent alors une sérieuse campagne de réhabilitation des matériaux, avec moult prières pour conjurer le mauvais sort et une cérémonie officielle de bénédiction du bois par le curé en chef pour éloigner le diable pour de bon. Quelque 30 années plus tard, en 1879, érigée dans un style architectural traditionnel avec des influences acadiennes, l’église était enfin inaugurée... et elle se tient toujours bien droite, dans sa blancheur immaculée. Depuis, chaque rénovation est réalisée avec du bois béni! Raison de plus de bénir le bois de sa charpente, cette église est relativement souvent frappée par la foudre! Église Saint-Pierre-de-La-Vernière : 1318 ch. de La Vernière, L’Étang-du-Nord; 418-986-2410, www.ilesdelamadeleine.com 6 Un palais de justice mythique Que d’histoires, documentées et légendaires, autour du Vieux Palais de justice de L’Assomption : déserteurs cachés au grenier, condamnés pendus dans la cour, enfants tuberculeux gardés au sous-sol et, en face, un repaire d’espions anglais et un cimetière autochtone… Vraiment, tout y passe! Aujourd’hui, ce lieu mythique fait entre autres office de centre communautaire et de salle de spectacle, et demeure la coqueluche des chasseurs de fantômes qui s’y rendent en grand nombre. En 1991, les nouveaux propriétaires rénovent le bâtiment, abandonné depuis plusieurs années, et des archéologues exhument des restes humains dans la cour arrière. Cette époque marque le début des phénomènes étranges qui s’y déroulent encore à ce jour. Le Vieux Palais de justice de L’Assomption était à l’origine composé de trois maisons séparées, construites entre 1811 et 1822. Ce monument historique a eu plusieurs fonctions : cour de justice, clinique médicale, distillerie, hôtel de ville, magasin général, comptoir de la Compagnie de la Baie d'Hudson, lieu de quarantaine, bureau du registraire, boîte à chansons...Ce labyrinthe de pièces est le décor parfait pour accueillir une foule de phénomènes insolites qui font croire à certaines personnes que le bâtiment est hanté. Des billes qui tombent du plafond, des portes qui claquent, des objets qui bougent soudainement… la liste des témoignages est aussi longue que l’histoire des lieux est passionnante! Demandez au membre du personnel de vous faire faire le tour du propriétaire : vous aurez droit à des anecdotes savoureuses et hautement divertissantes! L’Oasis du Vieux Palais : 255 rue Saint-Étienne, L'Assomption; 450-589-3266, www.oasisvieuxpalais.com 7 Un champ surréaliste L’Église catholique, omniprésente dans toutes les sphères de la société québécoise jusque dans les années 1960, a fortement influencé l’élaboration de mythes et de légendes visant à garder les ouailles dans le droit chemin et mettant en vedette le diable. Sans oublier les « pauvres diables », ces gens ordinaires qui boudent la messe dominicale pour travailler au champ, par exemple… Gare à eux! Car omettre d’assister chaque semaine à la messe (et de confesser ses péchés) portait malheur! Vous en trouverez la preuve à Rigaud, dans le « champ des guérets » que certains nomment encore le « champ du diable ». On raconte qu’il y a bien longtemps la population de Rigaud, constituée de paysans très croyants, voyait d’un mauvais œil la venue parmi eux d’un mystérieux étranger, seul et peu loquace, voire plutôt bourru. Les commérages allaient bon train au gré de l’imagination fertile des villageois. Ce qui les choquait le plus, c’est que ce nouvel arrivant, qu’ils surnommaient José-le-Diable, ne fréquentait jamais l’église. Un comportement aussi louche que contre-indiqué. Un jour, malgré les avertissements des voisins et du curé, qui le prévenait d’un malheur imminent, José-le-Diable manqua la messe dominicale pour aller travailler au champ. Une fois qu’il fut arrivé devant sa terre, les cloches de l’église sonnèrent, comme si c’était pour lui donner une dernière chance. En colère contre les villageois intrusifs et les histoires de bon dieu, il se mit à pester et à blasphémer en travaillant. Aussitôt, une pluie de cailloux tomba du ciel et recouvrit son champ. Une variante de cette légende veut plutôt que les pommes de terre qu'il récoltait dans son champ se transformèrent alors en galets, de sorte que certains dénomment l’endroit le « champ de patates ». Le champ des guérets est accessible au départ du sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes par le sentier qui mène à la croix de la montagne. Sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes : 43 rue Saint-Viateur, Rigaud; 450-451-4631, https://lourdesrigaud.ca 8 Les nombreux mystères du mont Saint-Hilaire Où iriez-vous pour rencontrer des extraterrestres au Québec? Les ufologues amateurs vous dirigeront sans hésitation vers le mont Saint-Hilaire, reconnu comme le noyau mystique de la province dans les années 1980, alors que l’émission Ésotérisme expérimental battait des records d’audience. En ondes sur une chaîne de télévision communautaire, cette émission présentait le mont Saint-Hilaire comme un repaire d’extraterrestres (ou même « d’intraterrestres » surgissant du centre de la Terre), et le lac Hertel, situé à son sommet, comme une étendue d’eau sans fond. On y racontait aussi que le site était d’une richesse minéralogique inouïe et que les boussoles y perdaient le nord. Certains témoignages de cette époque relatent que le radar des avions qui passent près du mont se brouille spontanément. Et bien sûr, les légendes mettant en vedette le diable et l’église abondent! Une impressionnante variété de mythes est associée au mont Saint-Hilaire. Traverser les « portes de l’enfer », un arc rocheux situé au pied du mont, mènerait directement chez le diable; des bruits étranges proviendraient des « trous des fées », ces crevasses insondables qui parsèment le paysage; un cheval de glace sur le flanc de la montagne indiquerait, en fondant, le moment approprié pour commencer les semailles… Contrairement à la croyance populaire, le mont Saint-Hilaire, âgé de 125 millions d’années, n’est pas un ancien volcan. Il renferme toutefois réellement plus de 350 minéraux différents, dont 40 qui sont propres à la région. Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire : 422 ch. des Moulins, Mont-Saint-Hilaire, 450-467-1755, https://centrenature.qc.ca 9 Arpenter les ruines d’un village abandonné Si vous passez par la campagne montérégienne entre Huntingdon et Cazaville, empruntez le chemin de la Rivière-La Guerre afin de repérer, près de la rivière La Guerre, les ruines d’un village abandonné. Vous y verrez l’ancienne église (dont ne subsistent que les quatre murs) au fond d’un champ sur la rive gauche du cours d’eau. En vous rapprochant, vous découvrirez le cimetière, qui compte un peu moins d’une centaine de sépultures. Il s’agit des vestiges de Godmanchester, un village éphémère. Ce hameau, fondé dans les années 1820, fut habité pendant seulement 30 ans. En 1830, il comptait une quinzaine de familles de colons écossais (totalisant environ 80 personnes), qui y ont construit une école de rang et des magasins. Étonnamment, l’église (Calvin Presbyterian Church) a été érigée quelques années à peine avant que le village se dépeuple brusquement vers 1850. L’église offrit néanmoins des services jusqu’en 1941. Deux raisons expliquent l’exode des habitants. D’une part, le village s’est retrouvé en zone inondable à la suite de la construction du premier canal de Beauharnois, et d’autre part, il se trouva davantage isolé, car les nouveaux bateaux de ravitaillement, à vapeur et plus gros, ne passaient plus par la rivière La Guerre. Un plan élaboré du village a été retrouvé. Il indiquait un quadrillé de rues bien droites avec une place publique au centre. De la rue principale, il ne reste plus qu’un petit chemin de terre. L’immigration écossaise connut un certain essor entre 1815 et 1870, alors que quelque 170 000 Écossais, principalement presbytériens, ont immigré au Canada. Parmi eux, plusieurs choisissaient de s’installer au Québec avec l’appui du gouvernement britannique et le soutien financier de compagnies privées. Village abandonné de Rivière-La Guerre : ch. de la Rivière-La Guerre, à l’ouest de la montée Quesnel, Godmanchester 10 L’histoire tumultueuse du Morrin Centre L’histoire du Morrin Centre commence en 1712, année où la Redoute royale, qui sert aussi de prison, occupe le site du Morrin Centre et fait partie des fortifications de la ville sous le régime français. Les détenus y meurent en grand nombre et les conditions de détention inhumaines sont rapidement décriées. Les Anglais démolissent la Redoute royale pour y construire, entre 1808 et 1813, une prison. S’y déroulent entre autres une quinzaine de pendaisons publiques, notamment au balcon situé à l’avant de l’édifice et conçu pour cet usage. À l’intérieur du Morrin Centre, vous pourrez encore aujourd’hui voir les anciennes cellules et même les anneaux qui servaient à enchaîner les détenus. Regardez au sol, vous remarquerez certains des graffitis laissés par les prisonniers. Une nouvelle prison ayant été achevée en 1861, la prison cède la place en 1862 au Morrin College, première institution académique de langue anglaise au Québec. Le collège sera en fonction jusqu’en 1902. La magnifique bibliothèque victorienne du Morrin Centre, dont la collection abonde d’ouvrages rares, certains datant du XVIe siècle, fut aménagée en 1868. Parmi les prisonniers célèbres de la Redoute royale, mentionnons Esther Wheelwright, enlevée dans la colonie du Massachusetts et gardée captive quelque temps par les Français, laquelle deviendra la Mère supérieure des Ursulines. Au nombre des détenus de la prison anglaise, futur Morrin Centre, on retrouve entre autres l’écrivain Philippe Aubert de Gaspé, emprisonné pour dettes non payées, et le mystérieux meurtrier nommé le Docteur l’Indienne. Ce dernier, accusé du meurtre d’un homme, entre dans la légende lorsqu’une douzaine de cadavres sont découverts dans le sous-sol de sa maison, 30 ans après son exécution… Morrin Centre : 44 chaussée des Écossais, Québec; 418-694-9147, www.morrin.org