Tauromachie, polémique et « fête nationale »

Tauromachie, polémique et « fête nationale »

Fête barbare pour certains, noble sport pour d’autres, liturgie et art pour d’autres encore, la tauromachie, par son mélange de cruauté et de courage, a longtemps incarné l’essence même de l’Espagne. À la fin du XVIIIe siècle se codifient les règles actuelles de la corrida, une tragédie en trois actes : les piques, la pose de banderilles et la mise à mort. Le duel se joue dans les arènes et oppose le brave taureau, 500 kilos de muscles et de fureur, au torero, version ibérique du samouraï, toujours maître de soi. C’est le combat de la raison contre la passion, de l’intelligence contre la force brute.

La tauromachie n’a jamais fait l’unanimité dans aucun des pays où elle s’est popularisée, défenseurs et détracteurs se confrontant depuis les débuts. Face à la vague de contestation qui s’étend en Europe, ses partisans songent à faire inscrire la fiesta de toros (fête taurine) au patrimoine immatériel de l’UNESCO et, en Espagne, elle est sur le point d’être classée parmi les « biens d’intérêt national ». Entre-temps, les corridas attirent de moins en moins de monde, et certaines régions les ont même interdites, comme la Catalogne en 2011. Délaissées par les jeunes, incompatibles, à ce qu’on dit, avec les mœurs et les sensibilités contemporaines, les corridas disparaîtront peut-être d’elles-mêmes.