Les petits saints

Les petits saints

Figurines typiquement marseillaises et provençales, les santons sont bien enracinés dans les traditions populaires du pays. Le mot « santon » vient du terme provençal santoun, qui signifie « petit saint ».

L’origine des santons demeure floue, mais la plupart des historiens s’accordent pour affirmer qu’ils seraient nés quelque part en Italie. Pourtant, les petits saints se veulent on ne peut plus marseillais. Ils sont nés de la réaction des Marseillais face aux interdictions de la France républicaine apparues à la fin du XVIIIe s. : suppression de la messe de minuit en 1789, suspension du culte et fermeture des églises en 1794. Pour ne pas déroger à la célébration de Noël, les Marseillais dressent chez eux des crèches improvisées qui marquent la naissance des premiers santons.

Le moule le plus ancien, daté de 1797, est attribué à Jean-Louis Lagnel, considéré comme le père et le créateur du santon marseillais. Lagnel est en effet le premier figuriste à réaliser ces petits personnages d’argile crue, grise ou rouge, qui donnent à la crèche une nouvelle dimension. La crèche devient ainsi une description minutieuse de la société marseillaise et, plus largement, provençale. On y retrouve généralement le berger, le pêcheur, la poissonnière, le tambourinaire (le joueur de tambourin), le « ravi » (l’étonné), l’amouaire (le rémouleur), l’ange boufareou (l’ange à la trompette) et bien d’autres personnages. Chaque famille possède bientôt sa crèche, dont les préparatifs commencent le dimanche précédant Noël.

Tout au long du siècle suivant, ce type d’artisanat connaît un développement impressionnant et, encore aujourd’hui, nombre de familles de santonniers perpétuent ce riche héritage à la fois religieux et profane, mais surtout tout à fait marseillais et provençal.