L’art contemporain monumental en Sicile Accueil / Contenus / Capsules informations Ulysse / Europe / Fabuleuse Italie du Sud / L’art contemporain monumental en Sicile L'ancien village de Gibellina - Photo © iStock-Elcurado Extrait du guide : Fabuleuse Italie du Sud Papier (livre entier) 34,95 $ Fabuleuse Italie du Sud vous propose une véritable odyssée visuelle à travers les villes d’art et d’histoire, les villages de charme et les exceptionnels sites archéologiques de cette partie de la péninsule italienne. Voir la suite L’art contemporain monumental en Sicile Le 14 janvier 1968, Gibellina, un village plus que millénaire, comptait quelque 6 000 habitants, vivant surtout de l’agriculture. Cette nuit-là, le tremblement de terre d’une magnitude de 6,5 sur l’échelle de Richter qui ravagea la vallée du Belice, détruisit Gibellina et trois autres villages, tua quelques centaines de personnes, fit plus de 1 000 blessés et quelques milliers de sans-abris. Peut-être inspiré par les spectaculaires reconstructions des villes du Val di Noto après le tremblement de terre de 1693, le maire de Gibellina décida de faire appel à des architectes et des artistes, dont Pietro Consagra, pour planifier la reconstruction de la ville nouvelle de Gibellina Nuova, parachutée à une quinzaine de kilomètres des ruines de l’ancien village, au milieu de nulle part, sur des terrains acquis à gros prix de la mafia, dit-on. La Finestra Sul Mare. © Shutterstock.com/TrapNest Invité à créer une œuvre d’art pour Gibellina Nuova, Alberto Burri, un artiste majeur de la seconde moitié du XXe s., s’avoua peu inspiré par l’emplacement prévu. Le site du village original lui faisait plus d’effet. Il proposa d’en faire une œuvre d’art dans la mouvance du « Land Art » et choisit de bétonner le village pour créer une sorte de monument à la mémoire des disparus et du lieu. Le béton permettra d’enfouir les restes du village sous une lourde chape blanche faite d’une centaine de blocs géants de plus d’un mètre et demi de hauteur, ne respectant que le tracé des anciennes rues de la topologie du lieu. Baptisé Grand Cretto, ce cimetière de maisons et de mémoire, un immense monument horizontal désolé, silencieux et désert, qui a fait mourir le village une seconde fois, laisse une impression de désespoir. Du côté de Gibellina Nuova, le rendez-vous des habitants et des artistes, étrangers à la réalité de la région, n’a pas eu lieu. L’endroit est désert, sans âme et semble aussi abandonné que le village mort. Plus heureux est le parcours d’Antonio Presti, un mécène ayant hérité de la fortune paternelle, provenant de la corruption dans les travaux publics. Après la mort de son père, Presti décida de lui dédier un monument dans l’espace public, mais les autorités s’y opposèrent et l’affaire se retrouva devant les tribunaux. Après qu’il eut fini d’en découdre avec la mafia et la justice, la première réalisation du mécène, Fiumara d’Arte , se composa finalement d’une vingtaine de sculptures monumentales installées entre les monts Nebrodi et la côte nord de la Sicile. Parmi les plus évocatrices, mentionnons Le labyrinthe d’Ariane, signé Italo Lanfredini, qui propose un voyage au bout de soi à 900 m d’altitude, La Finestra Sul Mare (La fenêtre sur mer) de Tano Festa, la pyramide de fer et d’acier de Mauro Staccioli, érigée sur le 38e parallèle, et une sculpture monumentale de Pietro Consagra, la première de la collection du parc, intitulée La materia poteva non esserci (La matière ne pouvait pas être là; 1986). Dans les années 1990, Presti entreprend son projet d’hôtel et confie la conception de la moitié des 40 chambres à différents artistes. L’Atelier sul mare, situé face à la plage de Castel de Tusa, en compte notamment une consacrée à la tradition des marionnettes siciliennes, alors qu’une autre rend hommage à l’écrivain, poète et cinéaste Pier Paolo Pasolini. Le plus récent projet de Presti date de 2002, l’année où sa fondation s’établit à Librino, un quartier défavorisé excentré de Catania. La Porta della bellezza (Porte de la beauté) est une œuvre collective impliquant les jeunes du quartier. D'autres articles qui pourraient vous intéresser : ITALIEN 101 L’ INFIORITA - TAPIS DE FLEURS GASTRONOMIE SICILIENNE