L’art de fumer le cigare

L’art de fumer le cigare

Fumer un habano est un art. En visite à La Havane, j’ai demandé à Adriano Martínez, représentant de Cubatabaco, la firme cubaine exportatrice de habanos, comment il fallait s’y prendre pour fumer le « Montecristo Churchill no 2 » que je venais de choisir parmi les cigares de toutes marques et formats qu’il m’offrait. Il me répondit avec le plus grand sérieux du monde : « Je crois en la liberté humaine, alors chacun fume un cigare comme il l’entend. On ne dicte pas aux gens comment faire l’amour. »

La douceur de la fumée en bouche, la pointe du cigare humide sur les lèvres, fumer un habano est une expérience hautement sensuelle. Le vieux routier de Cubatabaco explique quelques règles de base pour augmenter le plaisir de fumer un habano. Bien sûr, il faut couper la pointe du cigare pour permettre à l’air de circuler.

Pour l’allumage, Martínez recommande les briquets ordinaires ou des allumettes en bois. « Par contre, précise-t-il, le rite c’est de l’allumer avec un bout de cèdre, puisque les habanos sont emballés dans des boîtes de cèdre. Ce bois et son odeur caractéristique ajoutent au parfum des bons cigares. »

Certains réchauffent préalablement le cigare en passant la flamme d’un briquet ou d’une allumette sur toute sa longueur. Pour l’allumer, d’autres posent le cigare à 45o au-dessus de la flamme et, sans l’aspirer, ils font tourner le cigare lentement dans la main jusqu’à ce qu’il prenne feu.

« Il y a une grande tradition à Cuba qui consiste à tremper la pointe du cigare dans du café fort et sucré ou dans du cognac. Ce sont toutes des choses suggestives et sensorielles. »

Paternaliste à souhait, le sage Martínez décide de pousser un peu plus loin l’éducation du jeune et inexpérimenté fumeur qui lui pose tant de questions : « Un habano, il faut le traiter comme une femme. Si l’on ne le soigne pas, si l’on ne le caresse pas de sa bouche de façon régulière, il s’éteint. Le cigare d’un bon fumeur ne s’éteint pas. » Machos, les Cubains ?

Carlos Soldevila