La copla : une passion espagnole Accueil / Contenus / Capsules informations Ulysse / Europe / Comprendre l'Espagne / La copla : une passion espagnole Les liens entre la guitare et l'Espagne sont anciens; un luthier espagnol, De Torres a développé la guitare moderne au XIXe s. © iStock / Mediterranean Extrait du guide : Comprendre l'Espagne En solde Papier (livre entier) 12,95 $ 17,95 $ Comprendre l’Espagne est un livre pour mieux saisir toutes les couleurs de ce pays ensoleillé d’Europe. Voir la suite La copla : une passion espagnole À côté de la zarzuéla et du flamenco, la copla est un de ces genres musicaux typiquement associés à l’« âme espagnole ». Héritière du cuplé, style léger et souvent grivois, assimilant au passage les rythmes du tango, du charleston et du chant gitan, elle allait devenir la musique populaire par excellence à partir des années 1930. Consacrée déjà au temps de la République, durant la guerre on l’entendit dans les deux camps, mais les vainqueurs devaient ensuite se l’approprier, la « folkloriser » et, reconvertie en canción española, elle fut mise au service de l’idéologie franquiste. Les tonadilleras (chanteuses), hissées au rang de monument national par le dictateur, contribuèrent à cristalliser le stéréotype de l’Espagne de pacotille, mais elles écrivirent aussi l’histoire sentimentale de toute une époque. Une des clés du succès de la copla vient de son habilité à développer une histoire dramatique complète en trois ou quatre minutes. Le meilleur de son répertoire est attribuable à une triade de génie, formée par les paroliers Luis de León et Antonio Quintero et le compositeur Manuel Quiroga, qui ont exploré tous les abymes de passion : les plaisirs interdits, l’amour et la mort, l’homosexualité cachée, la prostitution ou l’adultère. Ajoutez un vocabulaire mélangeant avec bonheur le lexique religieux à l’érotisme et tout un catalogue de sentiments démesurés à la hauteur du caractère de feu de leurs interprètes. La mythique Concha Piquer passe pour être la reine de la chanson andalouse (elle était Valencienne!) grâce à la sensualité de sa voix chaude et mélodieuse, sans parler d’un sens de la scène et d’un talent théâtral inégalés. Diva choyée par le régime, les rôles de femme fatale et libre évoquée dans ses chansons allaient pourtant bien à l’encontre de la pudibonderie de la culture officielle. On s’étonne encore qu’un de ses grands succès, Tatuaje (Tatouage), lequel raconte l’histoire d’une prostituée qui tombe fatalement amoureuse d’un marin de passage, ait pu déjouer la censure. Après deux décennies de gloire, l’avènement du pop et des chansons engagées va reléguer la canción española au second plan de la scène musicale. Dès la mort du dictateur, l’intelligentsia de gauche la condamnera pour avoir été « la bande-son du franquisme » et la voilà « réactionnaire », « surannée », « frivole » et « décadente »… Sa rédemption se fera d’abord grâce aux artistes comme Joan Manuel Serrat ou Carlos Cano, rejoints bientôt par Plácido Domingo ou le savant mariage d’underground et de culture populaire de María Isabel Quiñones dite Martirio. Avec trois quarts de siècle derrière elle, la copla vibre aujourd’hui avec des tons très différents de ceux des origines. Lola Flores, Rocío Jurado et Isabel Pantoja y ont laissé l’empreinte durable de leur tempérament explosif et, tout dernièrement, quelques voix puissantes (Pasión Vega, Clara Montes, Pastora Soler, Antonio Poveda ou Diana Navarro) ont décliné avec des accents contemporains les compositions classiques. C’est la copla du XXIe siècle : tradition et découverte. D'autres articles qui pourraient vous intéresser : DIALOGUE AVEC TERESA PÉREZ SUR SES 150 PLUS BEAUX JARDINS DU MONDE 10 TRUCS POUR APPRENDRE LA LANGUE DU PAYS VISITÉ! SUR LES CHEMINS DE SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE GASTRONOMIE – GASTRONOMÍA