Las muertas de Juárez

Las muertas de Juárez

C’est par cette triste expression (« Les mortes de Juárez ») que les Mexicains désignent les victimes d’une vague d’assassinats qui a secoué la société tout entière. Ces meurtres surviennent à Ciudad Juárez, grande ville industrielle de l’État de Chihuahua à cheval sur la frontière américaine. Tout commença en janvier 1993, quand est retrouvé le cadavre d’une fillette de 13 ans, Alma Chavira Farel, qui présente des marques de viol. Depuis lors, des centaines de femmes ont été tuées à Ciudad Juárez dans des circonstances nébuleuses. Nébuleuses parce que la presque totalité de ces crimes n’ont jamais été éclaircis. Impossible de chiffrer avec exactitude l’ampleur du drame puisqu’en plus des corps retrouvés en banlieue de la ville, il y a littéralement des milliers de disparues. Les enquêtes de victimologie sont pourtant claires : presque toutes sont des jeunes filles entre 15 et 25 ans qui viennent de quartiers pauvres, et un grand nombre d’entre elles sont des ouvrières des maquiladoras.

Toutes les théories ont été avancées pour expliquer ces morts mystérieuses où la violence sexuelle, la torture et les mutilations sont souvent présentes, du satanisme à la misogynie, des narcotrafiquants aux trafics d’organes ou de personnes. Aucune enquête, jusqu’à présent, n’a donné de résultats. La fréquence des meurtres a diminué, mais la vague n’a pas cessé. On rend hommage à la mémoire des victimes par des croix en bois roses plantées en ville ou dans le désert qui leur a servi de cimetière. Au cours de la seule année 2010, près de 400 jeunes femmes ont disparu dans cette ville terrorisée par les cartels de la drogue, et considérée comme l’une des plus violentes au monde.