Les vacances des travailleurs au temps de la Révolution

Les vacances des travailleurs au temps de la Révolution

Elles sont arrivées dans une Lada jaune hors d’âge. La mère, une Mulâtre dodue, a filé vers la réception, laissant sa sœur avec les valises et les deux fillettes. « Compañera, voici votre bracelet », a dit la réceptionniste. Toute la famille Domínguez a reçu un bracelet jaune, le sésame pour accéder à tous les services de l’hôtel. Yanitza, la Mulâtre, est directrice de banque à La Havane. Divorcée (« Les hommes cubains ne sont pas sérieux », assure-t-elle), elle a droit à une semaine de vacances tous frais payés avec ses proches. Yanitza a été sélectionnée pour ses bons résultats professionnels et son dévouement au régime. Chaque entreprise fixe des objectifs à ses travailleurs. La banque de Yanitza a reçu le titre de Vanguardia Nacional (avant-garde nationale). Si tous les employés méritants ont droit, en théorie, à des congés payés dans des « hôtels-clubs », la plupart des élus sont des cadres. « Les familles de cet hôtel font partie de cette Vanguardia. Ce sont les meilleurs travailleurs qui sont ici. Ou presque, car quelques Cubains connaissent les camarades des agences de voyages et d’autres sont de riches membres du Parti… » Vladimir roule des yeux. Le jeune serveur s’assure que ses collègues ne l’écoutent pas. Dans le complexe hôtelier de Vladimir, au cœur des plages de l’Est, la moitié de la clientèle est cubaine...

Paru initialement dans Liaisons sociales