La faim au ventre

La faim au ventre

María déambule, la faim au ventre, dans les couloirs du marché. Une dizaine de femmes tendent leurs carnets de rationnement pour obtenir un morceau de mortadelle. « Ici, tout fonctionne avec la libreta », souligne Pedro, un travailleur. La libreta donne droit chaque mois à 2,2 kg de sucre et à autant de riz, à un peu d’huile et du savon. « La viande? C’est rare », conte un jeune homme. María évite les jours d’arrivage. Elle prévient : « Le premier jour, la viande est congelée. Comme tout fonctionne au poids, c’est prendre le risque de se faire servir un bloc de glace. » La mère de famille prépare le repas du midi. Avec un petit marteau de bois, Lisbeth pilonne la viande pour donner l’impression qu’il y en a plus… Dans un large plat de métal, elle en verse 100 grammes pour l’ensemble de la famille. Maribel sert à la volée des rasades de rhum Cienfuegos, puis s’affaire à trier quelques haricots noirs. Ce sera le repas de la famille aujourd’hui.

Paru initialement dans Le Figaro