La France vue par les Cubains

La France vue par les Cubains

« Ah, Alain Delon. Il était si beau. C’était notre idole quand nous étions jeunes », confie Gladys. Professeur de géographie récemment retraitée, elle regarde sur l’étalage d’un vendeur de rue un DVD de cinq longs métrages d’Alain Delon. Trouver des productions de l’Hexagone est exceptionnel. Place aux films « d’action » américains que les cousins de Miami apportent sur des clés USB et qui sont ensuite gravés sur des DVD. Les salles de cinéma de La Havane proposent en revanche assez souvent une programmation française, et la chaîne de télévision nationale Cubavision diffuse régulièrement des films français en fin de soirée. « Il y a une dizaine d’années encore, les références en matière de design ou de mode étaient françaises. Aujourd’hui, elles sont italiennes avec Gucci, Dolce Gabana. Ce sont les marques qui font vibrer les jeunes », note Orlandito, jeune cuentapropista. Il faut dire que la communauté française résidente dans l’île communiste est huit fois moins importante que son homologue italienne (534 ressortissants de l’Hexagone).

La France a pourtant longtemps été un joueur majeur à Cuba. L’une des grandes villes du pays, Cienfuegos, à 250 km à l’est de La Havane, a été fondée par les Français en 1819. Au début du XIXe siècle, de nombreux colons se sont établis dans les provinces de l’Oriente, principalement à Santiago et Guantánamo. […]

Les touristes français, eux, sont souvent épinglés. Dans un long article succulent sur Cuba vu par le Guide du Routard dans la prestigieuse revue sociétale cubaine Temas, la professeure de philosophie de l’Université de La Havane María del Pilar Díaz Castañón enfonce le clou : « Ils [les Français] sont naturellement méfiants et sceptiques... Ils ont la conviction d’être plus rusés et intelligents que les autres habitants de la planète ».

Paru initialement dans Le Figaro