Voyage à Madrid et au Centre de l'Espagne Accueil / Contenus / Europe / Espagne / Madrid / Voyage à Madrid et au Centre de l'Espagne L'hôtel de ville sur la place de Cibeles à Madrid, en automne. © iStock / tupungato La Castille, au cœur de l’Espagne, offre les paysages solitaires de la Meseta, ces immenses plateaux cernés de montagnes où surgissent çà et là, sur les crêtes, des moulins à vent, tels que les voyait Don Quijote. Les belles cités de Salamanque, Ségovie et Tolède sont toutes empreintes de noblesse et d’histoire, et Madrid elle-même est riche en voyages à travers le passé de l’Espagne, sa « movida » culturelle et son art de vivre épicurien et sociable.Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon Le paysan castillan, qui était apte à prendre les armes pour défendre le royaume de son suzerain, était symboliquement considéré comme l’égal du roi et de ses chevaliers, et les conquêtes d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon devenaient ainsi celles de tous. Les nouveaux rivages découverts par Christophe Colomb aux Antilles et en Amérique ouvraient tout grand l’horizon pierreux des champs et des hameaux d’Espagne, faisant résonner l’imaginaire glorieux que tout Espagnol porte en lui, et dont il doit se montrer digne, dans son attitude comme dans ses actes. Le héros espagnol par excellence Cette noblesse de cœur et cette lucidité, cette fierté souvent brimée par les circonstances, on les rencontre en Espagne chez les hommes et les femmes de toutes les conditions. Elles sont d’ailleurs présentes dans l’ensemble de la littérature espagnole, depuis le récit épique des aventures du Cid, au Moyen-Âge, jusqu’aux poèmes de Federico Garcia Lorca ou aux romans de naturalistes de Camilo Jose Cela, en passant par les aventures picaresques de Don Quijote et Sancho Pança. Cervantes a d’ailleurs doté son héros castillan, Don Quijote de la Mancha, d’un idéalisme chevaleresque devenu emblématique, malgré ses extravagances, de l’hidalgo « castizo » plus authentique. Du Prado à Picasso Un réalisme absolu s’exprime également dans la peinture de l’école espagnole, notamment dans l’œuvre de Vélazquez, Goya ou le Greco. Le lieu privilégié pour les découvrir est bien sûr le musée du Prado, à Madrid, qui possède aussi de très beaux exemples de l’école flamande ou italienne. Le remarquable Musée Thyssen-Bornemisza rassemble une collection d’une grande qualité, couvrant plusieurs époques et plusieurs écoles, tandis que le Musée national Reina Sofia est consacré à l’art contemporain, abritant entre autres des œuvres de Dali, Miro et Picasso, dont le poignant Guernica. Une pause dans le merveilleux parc del Retiro, ou une balade dans le quartier de Salamanca seront les bienvenues après ces immersions à l’art espagnol et européen. Flâner et socialiser à Madrid Madrid ne manque pas d’itinéraires de promenades, elle qui offre à ses habitants de larges avenues pour le traditionnel paseo espagnol, déambulation quotidienne où tout le monde, de préférence en famille ou entre amis, flâne le soir dans le simple but d’être dehors, de profiter de l’air frais et de socialiser. L’abondance de rues piétonnes et de places accueillantes en témoigne. Non loin du Palais Royal et de la Cathédrale de la Almudena, la Place de la Puerta del Sol, très populaire, représente le centre symbolique de Madrid (et de l’Espagne). Les Madrilènes prennent l’apéritif vers huit heures, souvent à la terrasse d’un bar à tapas, et c’est seulement vers neuf heures que les restaurants se remplissent. Pourquoi ne pas en profiter pour savourer en langue originale le dernier film d’Almodóvar? Salamanque, Ségovie et Tolède : pour revivre l’existence des chevaliers Les attraits de Madrid ne doivent pas faire oublier la majestueuse beauté des villes qui l’entourent, au cœur d’un paysage parfois austère mais étrangement fascinant, adouci par les ondulations du blé, les sillons de la vigne ou les oliviers argentés. En Castille-et-Léon, Salamanque, qui a conservé tout son cachet, est une cité très vivante, comme en témoigne sa Plaza Mayor élégante et animée, délicieuse le soir en particulier. Ségovie, plus en altitude, possède un impressionnant aqueduc romain qui s’élance, presque intact, vers sa vieille ville. En Castille-la-Manche, patrie des moulins à vent, la lumineuse Tolède, nichée dans une boucle du Tage, révèle un mélange d’influences maure, juive et chrétienne qui témoigne d’une histoire riche et complexe, alors que l’on approche du sud et de l’Andalousie. Les cigognes d’Estrémadure Vers l’ouest, le Tage traverse l’Estrémadure. Cette province restée longtemps isolée, aux confins de l’Espagne, égrène pourtant de charmantes petites villes le long de la frontière avec le Portugal, dont Alcantara, Olivenza, ou Jerez de los Caballeros, agrémentées par le claquement de bec des fidèles cigognes. Mérida se visite surtout pour l’ampleur de son héritage romain, magnifiquement mis en valeur, tandis que Caceres présente une belle harmonie architecturale qui nous ramène à la Renaissance. Tout près de là, au nord du Tage, le Parc naturel de Monfragüe offre l’occasion de côtoyer une faune riche en espèces endémiques et protégées, dont la cigogne noire et le lynx ibérique, dans un cadre unique de forêts de chênes-lièges et de garrigue méditerranéenne. Voici ce à quoi l’Espagne devait ressembler, en grande partie, avant les déforestations massives et l’utilisation anarchique des ressources en eau qui, là comme ailleurs, ont déséquilibré les écosystèmes originels…