Île de Gorée Accueil / Contenus / Afrique / Sénégal / Dakar et ses environs / Île de Gorée Île de Gorée | © iStockphoto.com/HomoCosmicos À quelques kilomètres à l’est de Dakar, l’île de Gorée semble baignée d’une quiétude particulière avec ses maisons de style colonial aux couleurs tendres cachant de ravissantes galeries et jardins intérieurs, ses petites rues piétonnes, ses baobabs et ses bougainvilliers. Il est difficile d’imaginer, lorsqu’on y flâne, qu’elle fut, dans un passé pas si lointain, la porte de l’enfer de millions d’Africains.C’est en 1444 que les premiers Européens, les Portugais, découvrirent l’île et la dénommèrent Palma. En 1619, les Hollandais qui occupèrent l’île en changèrent le nom pour Goede Reede, signifiant "bonne rade". En 1677, le vice-amiral d’Estrée, dont la fortification au sud de l’île porte le nom, s’empare de l’endroit pour le compte du roi de France. Peu à peu, le commerce des esclaves connaît un essor exceptionnel. Le premier gouverneur général du Sénégal décide de transférer sa résidence à Gorée, préférant l’endroit à Saint-Louis. Pendant le XVIIIe siècle, l’île passa de mains françaises à anglaises une dizaine de fois. Elle était l’escale obligée des vaisseaux se dirigeant vers l’Amérique et l’Asie. L’île devient rapidement surpeuplée et les Français fondèrent Dakar, sur le continent, en 1857. L’abolition de l’esclavage en 1848 précipita la décadence de l’île, qui fut annexée à la capitale en 1929.Le commerce des esclaves a coïncidé avec le développement de la canne à sucre en Amérique et dans les Caraïbes. Des vaisseaux quittaient Lisbonne, Bordeaux ou Nantes pour longer la côte africaine afin d’embarquer des esclaves. Les négriers négociaient avec des chefs africains en échange de barils de poudre, de fusils, d’eaux-de-vie et autres produits. Une fois les cales pleines, les négriers mettaient le cap sur les Amériques et, 18 mois plus tard, ils étaient de retour en Europe. De 65% à 80% des esclaves n’arrivaient pas à destination vivants.C’est souvent avec une grande émotion que l’on visite la Maison des esclaves. Elle fut construite par les Hollandais en 1776 et restaurée en 1990. C’est là que les esclaves étaient emprisonnés avant d’être déportés. Plus de 200 personnes étaient entassées plusieurs jours dans des conditions déplorables, sans hygiène, avant d’être embarquées dans les vaisseaux négriers, alors qu’à l’étage les maîtres vivaient dans l’opulence et l’allégresse. L’endroit est devenu, pour des milliers de Noirs américains, un lieu de pèlerinage important.Juste en face de la Maison des esclaves se trouve le Musée de la femme. L’ancienne maison de la riche "signare" (métisse naissant de l’union d’un fonctionnaire blanc et d’une esclave) Victoria Albir abrite ce sympathique petit musée qui, à travers sa collection de photos, d’outils agricoles, de poteries et de vanneries, cherche à restituer le rôle de la femme au Sénégal.Le Musée historique retrace l’histoire de l’île de Gorée et du Sénégal, de la préhistoire à nos jours. L’homme de Sieudan, squelette de 1 500 ans pétrifié dans le grès, témoigne de la présence de très anciennes civilisations. Quelques salles du musée sont aussi consacrées aux empires africains et à la période de la colonisation et de l’esclavage.Logé dans l’ancien bâtiment de la Compagnie française des Indes, près de la place du Président, le Musée de la mer présente une très belle collection de poissons, mollusques et crustacés provenant des eaux sénégalaises. Juste en face se trouve un laboratoire de biologie marine, installé dans la maison des religieuses de l’ordre de Saint-Joseph de Cluny.Il faudra aussi visiter le castel, dans la partie basse de l’île, où l’on observe des vestiges des différentes fortifications. Du haut de la montagne, on bénéficie d’un magnifique point de vue sur toute l’île et sur Dakar.