La tradition sicilienne des marionnettes

La tradition sicilienne des marionnettes

Peut-être issu d’une tradition plus ancienne remontant aux Grecs, le théâtre de marionnettes sicilien (Opera dei Pupi) est né en Sicile au début du XIXe s. Les spectacles, qui se jouaient alors dans de petits théâtres familiaux, racontaient notamment des épopées guerrières et chevaleresques, dont celle de la Chanson de Roland, sans doute héritée de l’occupation normande. Les représentations pouvaient s’échelonner sur plusieurs soirées, fournissant autant d’occasions de rencontres et de prises de position pour Orlando ou Rinaldo se battant pour le cœur de la belle Angélique.

Les marionnettes siciliennes sont grandes et faites à la main. Malgré quelques différences entre celles de Palerme et de Catania (ces dernières étant plus grandes, plus lourdes, se manœuvrent d’en haut, alors qu’on les manipule depuis les coulisses à Palerme), elles sont sculptées dans du bois et pourvues d’articulations bien utiles dans les scènes de combat à grands coups d’épée.

La tradition s’est estompée tranquillement dans les années 1950, avec la vague des changements économiques et sociaux de l’après-guerre. Elle subsiste cependant. De plus en plus rares, les pupari (manipulateurs et conteurs) transmettent leur art de père en fils. Chaque théâtre compte une centaine de marionnettes, dont la moitié sont des soldats. Certains pupari utilisent des têtes interchangeables.

L’UNESCO a salué en 2008 la tradition ininterrompue de cette forme de théâtre en l’incluant dans sa Liste du patrimoine culturel immatériel. Ouvert en 1975, un musée palermitain, le Museo internazionale delle marionette Antonio Pasqualino, est consacré à cet art. Conservée dans l’ancien Hôtel de France, sa collection compte quelque 5 000 pièces.