La révolution de la peur

La révolution de la peur

Elle peut bien porter un béret à la Guevara. Yaima, la petite infirmière, sait que le Che ne la protègera pas. Prise d’une inextinguible danse de Saint-Guy à la vue du policier, elle tremble de tous ses membres. L’homme l’a vu discuter avec un étranger. « Je risque une amende et la prochaine fois, ce sera la prison », dit-elle. À Cuba, lorsqu’une femme parle à un étranger, ce comportement est assimilé à de la prostitution. « Mon amie de 24 ans a fait trois ans de prison parce qu’elle avait un amant italien. La police s’en est aperçue par un courrier électronique que mon amie a reçu de l’Italien », conte Yeni, une Mulâtre débonnaire. Les communications téléphoniques sont écoutées. « Il faut toujours être neutre, ne pas donner de noms lors d’une discussion », explique Carlos.

Depuis quelques années, les caméras sont de plus en plus présentes dans les lieux publics et dans les hôtels. Dans toutes les villes, les mouchards des Comités de défense de la Révolution (CDR) rapportent tous les faits et gestes. Tout le monde surveille tout le monde. Les Cubains ont la peur nouée au ventre, en permanence. L’été, sur les plages de l’Est, de jolies filles veillent. Une Métisse au sourire angélique confie : « Oui, nous sommes des policières, mais c’est pour votre sécurité. »

Paru initialement dans L’Alsace