Des tacots très convoités

Des tacots très convoités

La salsa envahit l’habitacle. Le chauffeur, immense Mulâtre rondouillard, torture le démarreur. Vite, il faut partir avant que l’almendrone (vieille voiture américaine) ne change d’avis. Une horde de passagers s’engouffre dans la Chevrolet. Scène coutumière à La Havane, mais peut-être plus pour longtemps. Aux yeux du monde et des amoureux de beaux châssis, Cuba est un paradis de guimbardes américaines rafistolées. Avec un peu de chirurgie esthétique, les almendrones sont immortelles. Pour 10 pesos cubanos (0,4 euro ou 0,45 dollar), elles avalent les rues de la capitale. Quatre passagers à l’arrière, trois à l’avant. Et parfois plus! La révolution capitaliste de Raúl Castro pourrait bien sonner le glas de ces vieilles voitures. D’une part, parce que les Cubains rêvent d’une nouvelle révolution automobile après un demi-siècle d’embargo. La dernière voiture américaine est entrée sur l’île peu avant l’embargo de 1962. Elle repose aujourd’hui dans un petit musée automobile perdu près de Santiago, dans la bien nommée Vallée de la préhistoire. D’autre part, parce que Barack Obama autorisera très bientôt ses compatriotes à voyager à Cuba. Ces derniers, fascinés, achèteront pour une bouchée de pain les reliques.

Paru initialement dans Le Télégramme