L’histoire de la Patagonie

L’histoire de la Patagonie

On croit que les premiers humains à avoir mis le pied en Patagonie l’ont fait il y a quelques 12 000 ans, et qu’ils vivaient essentiellement en nomades; les peuplades de chasseurs parcouraient la pampa orientale, tandis que celles qui se déplaçaient en canoë gravitaient autour des îles occidentales et dépendaient fortement de la pêche.

Il subsiste des vestiges de six groupes ethniques distincts, les Aónikenks, les Selknams, les Alakalufs (ou Kawéskars), les Yámanas (ou Yaghans) et, plus au nord, les Tehuelches et les Alacalufes, quoique tous aient disparu dès le début du XXe s. avec l’arrivée des colons européens et la propagation de maladies contre lesquelles ils n’étaient nullement prémunis, sans parler des effets de l’alcoolisme, des exils forcés et des massacres perpétrés par les éleveurs pour défendre leur bétail.

Les premiers Européens à visiter la Patagonie faisaient partie d’une expédition menée en 1520 par le marin portugais Fernão Magalhães (Ferdinand de Magellan), en quête d’une route vers l’Orient au nom du roi d’Espagne. Plusieurs expéditions espagnoles se sont ensuite succédé au cours des décennies suivantes, notamment celles, en 1557, de Juan Ladrillero, qui a exploré les canaux maritimes de la Patagonie, et en 1580, de Pedro Sarmiento de Gamboa, qui cherchait à contrecarrer les projets des pirates anglais.

Entre les XVIIe et XIXe s., nombre de navires vinrent d’Angleterre, de Hollande, de France et d’Espagne, certains pour chasser la baleine et l’otarie, d’autres motivés par des intérêts scientifiques. Le plus célèbre de ceux qui appartenaient à cette dernière catégorie fut le Beagle, un navire anglais qui sillonna les eaux de la région entre 1826 et 1834, et dont l’équipage scientifique comptait en son sein Charles Darwin, le plus grand naturaliste de son époque. Ce même bateau vogua plus tard vers les îles Galápagos et certaines parties de la Polynésie. C’est au cours d’un de ces voyages que Darwin développa sa théorie de l’évolution.

Au moment d’acquérir son indépendance de l’Espagne, le Chili ne voyait s’étendre son territoire, au sud, que jusqu’à l’île de Chiloé, mais, devant l’insistance du héros de l’indépendance Bernardo O’Higgins en 1830, le gouvernement commença à envisager l’annexion des terres situées plus au sud.

Une expédition navale lancée en 1843 en a ainsi officiellement pris possession et y érigea un fortin. Punta Arenas fut fondée en 1848, et l’élevage du bétail, la sylviculture et l’exploitation des mines ne tardèrent pas à suivre.

L’élevage à grande échelle du mouton a débuté vers la fin des années 1870 et c’est à la suite de la flambée des marchés mondiaux de la laine, à la fin du XIXe s., que la Patagonie a commencé à se peupler de façon significative. Ceux qui ont entrepris de coloniser la région à cette époque venaient en partie de la Croatie, ce qui explique que les patronymes slaves soient aussi omniprésents en Patagonie.

L’économie régionale a essuyé un dur coup en 1914 du fait de l’ouverture du canal de Panamá, qui a eu pour effet de réduire considérablement le volume des marchandises qui transitaient par le détroit de Magellan.

Au début des années 1980, l’armée chilienne a terminé la construction de la route du Sud : la Carretera Austral. En plus de réduire l’isolement, l’armée voyait dans ce projet une façon d’affirmer la souveraineté chilienne contre toute tentative expansionniste du régime militaire de l’époque en Argentine.

La Patagonie englobe la pointe sud du continent et se partage entre l'Argentine et le Chili; la cordillère des Andes sert de frontière du nord au sud. La Patagonie de l'Argentine comprend des steppes arides et des prairies, tandis que la Patagonie du Chili est traversée par des fjords de glaciers et bénéficie d'une forêt tempérée.