Sur la route...

Sur la route...

Après la Seconde Guerre mondiale, la Californie vit une période de grande prospérité économique, marquée par un besoin insatiable de consommation. C’est dans ce contexte d’abondance que de jeunes étudiants, idéalistes et rebutés par l’indifférence de New York, quittent la Côte Est pour venir s’établir sur la côte du Pacifique. Révoltés par la banalité et le conformisme de la société d’alors, ils se retrouvent à San Francisco, ville éprise de liberté à l’image des valeureux pionniers qui l’ont réellement créée un siècle plus tôt, en pleine Ruée vers l’or. Là, ils se regroupent dans les cafés, au son de la musique de jazz, et refont le monde par la littérature, la poésie et les discussions philosophiques. Parmi ces marginaux de North Beach, deux chefs de file s’imposent rapidement, avec leur style court, acéré et vivant. D’abord, Jack Kerouac, écrivain franco-américain natif du Massachusetts, mais dont la famille vient du Québec, publie en 1957 l’œuvre la plus importante de sa vie : On the Road. Écrit en « prose spontanée », ce pseudo-documentaire devient la bible du mouvement Beat, un terme emprunté au jargon jazz pour désigner un état d’épuisement absolu qui leur semblait proche du bonheur suprême que Jésus prêchait dans Les Béatitudes. Du côté de la poésie, Allen Ginsberg, avec Howl & Other Poems, produit en 1956 un véritable chant de révolte de la Beat Generation. Réels pionniers, les beatniks insufflent un vent de libération à d’autres formes d’expression et marqueront les générations suivantes.