De Bodrum à Antakya Accueil / Contenus / Asie et Asie Mineure / Turquie / De Bodrum à Antakya Bodrum | © Dreamstime.com/Monticelllo À vol d’oiseau, il y a bien 850 km entre Bodrum et Antakya, à l’autre bout du littoral méditerranéen. Mais de cap en baie, de péninsule en anse, la côte s’étire sur plus de 1 300 km. Sa partie occidentale appartient encore à un monde où se contredisent la modernité et l’antiquité. À Antakya, on est déjà aux portes de la Syrie, de la Mésopotamie ancienne et de l’Arabie. Entre les deux villes, les monts Taurus dressent leurs cimes.Le relief accidenté de cette côte a longtemps limité le développement urbain. Aujourd’hui, des routes tout à fait acceptables desservent les agglomérations qui ont même tendance à s’étendre pour satisfaire à la demande des estivants. Mais les accidents de terrain ont quand même isolé bien des sites qu’on ne découvre donc que par la mer.Au sud-est de Bodrum, une longue péninsule s’avance dans la Méditerranée. Sur son côté est, au fond d’une baie bien abritée, Marmaris s’est développée au point de devenir le principal port de plaisance de la région. L’antique village de pêcheurs, construit autour d’un château du Moyen Âge (ouvert le matin et l’après-midi, sauf le dimanche), s’est reconverti pour accueillir ses nombreux visiteurs. Les hôtels ont donc envahi les hauteurs et les rivages, de sorte qu’il faut s’éloigner un peu de la ville pour espérer trouver une plage déserte.De Marmaris, on peut encore s’éloigner sur la péninsule qui se divise bientôt en deux parties. À l’ouest, une route enchanteresse mène d’abord à Datça, puis au site de l’antique cité de Cnide, depuis longtemps rebaptisée Knidos. La ville périclita lorsque les Romains prirent le pouvoir dans la région. Il en reste tout de même un théâtre grec relativement bien conservé. Les fouilles ont également mis au jour le temple d’Aphrodite qui dominait la ville. L’édifice était jadis célèbre pour abriter une fabuleuse statue de la déesse, sculptée par Praxitèle. Il est à noter qu’on peut également accéder à Cnide au moyen d’une liaison maritime régulière depuis Bodrum.L’autre partie de la péninsule, la presqu’île de Bozburun, est moins fréquentée. Les différents sites archéologiques de l’endroit n’ont pas encore fait l’objet de fouilles sérieuses. Si l’on veut s’éloigner des sentiers battus et faire néanmoins d’intéressantes découvertes, c’est l’endroit tout désigné. Là comme dans toute la Turquie, le patrimoine historique commande le respect; on se gardera donc d’altérer les sites archéologiques. De toute manière, il est strictement interdit d’emporter à l’extérieur du pays un "souvenir" archéologique.À l’est de Marmaris, une autre ville antique mérite le détour. Caunus fut également prospère et, comme Éphèse, cessa de l’être lorsque son port s’ensabla. C’était une ville de la Lycie. Il demeure de cette époque les tombes caractéristiques que les Lyciens sculptaient à même les falaises. Le reste des vestiges de Caunus date soit de l’occupation romaine, soit de l’époque byzantine. La visite de la cité s’effectue dans une des embarcations qui, après avoir quitté Dalyan, s’enfoncent dans le chenal qui conduit au lac Köicegiz. La randonnée elle-même n’a rien de décevant et justifie amplement les sept heures qu’on doit lui consacrer.Près de 100 km plus à l’est, Fethiye a été construite là où jadis s’élevait une autre cité lycienne, Telmessos. On y trouve le tombeau d’Amyntas, un monument funéraire sculpté à même la falaise. Des chevaliers venus de Rhodes ont également érigé une forteresse dans cette ville. Enfin, Fethiye est également connue pour les 12 îles qui occupent la baie devant la ville et pour les excursions qui y sont organisées.Les cités lyciennes avaient pour capitale la ville de Xanthos, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Fethiye. Cette cité antique a traversé des heures sombres. Par deux fois, devant les Perses, puis devant les Romains, sa population préféra le suicide collectif à la reddition. Le site recèle encore des monuments funéraires très particuliers à la Lycie et quelques monuments dignes d’intérêt. Ce sont bien souvent des copies, les originaux ayant été emmenés au British Museum par les archéologues anglais qui ont fouillé le site. Tout près de Xanthos, le Létôon constituait le cœur de la vie religieuse lycienne. L’endroit tient son nom de Léto, mère d’Apollon et d’Artémis, à qui l’on a dédié le temple du site.Une autre cité lycienne, Myra (aujourd’hui Demre), aurait abrité un évêque bien spécial qui avait coutume de donner des présents à ses ouailles après le sermon. L’évêque en question sera canonisé après sa mort. Il s’agit de saint Nicolas. On peut visiter l’église byzantine qui lui a été consacrée. La région présente également d’impressionnants tombeaux rupestres.À Antalya, la Lycie fait place à la Pamphylie. Antalya est l’une des plus jolies villes de la côte. Fondée par le roi de Pergame, elle passa successivement entre les mains des Romains, des croisés puis des musulmans seldjoukides. La vieille ville mérite qu’on lui réserve au moins quelques heures de promenade, question d’admirer ses minarets, ses mosquées, son vieux port et les fortifications qui la protégeaient jadis. Antalya aussi a son Musée archéologique, l’un des plus riches au pays. Plusieurs plages sont accessibles à proximité. Également tout près, les monts Taurus constituent un beau défi pour les amateurs de trekking ou les amants de la conduite hors piste. Un peu plus accessible, l’excursion aux chutes de Manavgat permet de jouir du spectacle des chutes, d’une balade sur la rivière et du charme de l’arrière-pays.À proximité immédiate d’Antalya, plusieurs sites valent le détour. Le plus remarquable est sûrement Aspendos. Entre autres monuments, on remarque son théâtre romain, vraisemblablement le mieux conservé qui soit. L’acoustique y est surprenante. Les ruines de Termessos sont moins spectaculaires, mais le site sur lequel la ville a été jadis construite est tout à fait remarquable. Enfin, Pergé et Sidé présentent également des vestiges intéressants.À une centaine de kilomètres d’Antalya, la Pamphilie cède le pas à la Cilicie et à ses places fortes que tenaient les uns contre les autres les croisés, les Arméniens et les musulmans seldjoukides. La vieille ville d’Alanya est construite à l’abri d’une remarquable forteresse, ceinte d’un triple rempart et protégée par près de 150 tours. Les sultans seldjoukides avaient choisi cette ville pour abriter leur flotte.Une autre forteresse, encore couronnée de ses créneaux, attend le visiteur à Anamur. Cette ville doit son nom à une cité phénicienne jadis construite à proximité, Anamurium. La nécropole de cette cité impressionne par sa taille. Les châteaux forts continuent de jalonner la côte. On en trouve un à Silifke, deux à Kizkalesi, d’autres encore autour de Ceyhan.Trois villes historiques ont été bâties sur la partie orientale de la côte méditerranéenne. Malheureusement, il reste peu de chose de leurs origines, Tarsus, autrefois appelée Tarse, vit naître saint Paul. Iskenderun fut fondée par Alexandre le Grand sous le nom d’Alexandrette. Il s’agit d’un des principaux ports turcs. Enfin, Antakya a joué un rôle capitale dans la diffusion du christianisme sous son nom d’origine, Antioche. On a célébré cette cité comme un lieu de plaisirs incomparable. Deux siècles avant notre ère, un demi-million de gens y vivaient. Dommage qu’il en reste si peu de chose : les mosaïques romaines du Musée archéologique, la grotte de saint Pierre et quelques monuments.