L’Europe en van et camping-car - 50 itinéraires de rêve : les incontournables de Pierre Longnus

Ancien correspondant de l’AFP à Vancouver, ex-chroniqueur à Radio-Canada, journaliste et rédacteur en chef, photographe de l’agence Getty Images, Pierre collabore aux Guides de voyage Ulysse depuis de nombreuses années. Il est passionné de voyages en véhicules anciens sur deux ou quatre roues tout comme de grandes virées en van aménagé. Après 15 années de vadrouille en Amérique du Nord, de la frontière mexicaine à la mer de Beaufort, il s’installe sur la Côte d’Azur pour fonder une famille et entreprend d’explorer les plus beaux itinéraires d’Europe. Ses péripéties familiales et professionnelles l’amèneront ensuite à vivre en Alsace avant de finalement s’installer dans les Alpes suisses.

Au-delà du sentiment de liberté, ce que j’aime le plus dans le voyage en camping-car, c’est la possibilité d’improviser à tout moment en faisant un détour inopiné vers un festival de musique en campagne, un village d’artiste méconnu ou une plage secrète. C’est ce que j’appelle « mes détours bonheur ».

C’est une vaste question, d’autant plus que la météo est bien souvent un facteur prépondérant pour les voyageurs. Cependant, le van, en raison de son gabarit contenu et de sa maniabilité supérieure à celle d’un camping-car classique, permet d’entreprendre des séjours en toute saison et sur tous types de route. Envisager un voyage hivernal en zone méditerranéenne peut s’avérer un excellent choix! Imaginez une circulation absolument fluide, sans touriste, des emplacements libres pour passer la nuit et une population locale beaucoup plus disponible. À part quelques rares journées maussades, la douceur méditerranéenne permet un séjour très agréable. Pour les plus téméraires, il est tout aussi concevable de s’aventurer en montagne, à condition toutefois d’être équipé de pneus à neige et d’un bon système de chauffage. Bien sûr, l’été est plus propice aux rencontres conviviales entre adeptes de la vanlife qui finissent parfois par tisser des liens d’amitié.

Il faut du temps pour domestiquer sa machine et prendre conscience de son gabarit. Ainsi, je conseillerais au néophyte de se diriger vers des destinations de grands espaces. En France, je leur conseillerais la région de l’Aquitaine qui s’est parfaitement adaptée pour accueillir les campeurs motorisés en aménageant d’excellentes infrastructures et en facilitant les accès aux lieux de séjour. Les campings proposent des emplacements amples et nivelés, et les routes ont peu de virages à proximité du littoral. Le Portugal s’est aussi bien équipé pour nous accueillir. Même en bord de mer, les déplacements se font sereinement et les emplacements offrant des vues spectaculaires ne manquent pas. Et pour finir, pourquoi ne pas aller en Allemagne, la patrie du minibus emblématique qui fait rêver les campeurs depuis plus d’un demi-siècle? Cette destination est négligée injustement. Me viennent à l’esprit la Route romantique, la Forêt-Noire et la Bavière, trois destinations de rêve!

À mon avis, la Suisse est le secret le mieux gardé d’Europe. En raison de son image de destination haut de gamme, ce pays a su rester discret. Le camping-car permet d’accéder à ce territoire exclusif à un coût raisonnable. Que ce soit sur le pourtour du lac Léman, au cœur d’un panorama à couper le souffle, ou bien le long du fabuleux itinéraire du Grand Tour, 1 645 km de rêve avec ses 22 lacs limpides, 5 cols à plus de 2 000 m et 13 lieux classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Sur les routes d’Europe, j’ai été frappé par la solidarité qui existe parmi les utilisateurs de véhicules récréatifs. L’entraide est une réalité. Que ce soit en cas de problème mécanique ou pour partager une destination intéressante. Il y a toujours quelqu’un pour vous filer un coup de main. De plus, dès l’arrivée à un camping, il m’est arrivé à maintes occasions de me retrouver à prendre l’apéritif et passer la soirée sous les étoiles avec des inconnus partageant la même passion.

À l’occasion d’une escapade en Écosse, alors que j’étais à la recherche d’un endroit pour passer la nuit, j’ai quitté la route et emprunté un chemin qui menait jusqu’à la mer. Je me suis engagé sur un isthme rocheux à la surface plane qui offrait une vue à 180° sur l’océan. Visiblement, j’étais tombé sur un lieu de camping tenu secret puisqu’il n’apparaissait pas sur les applications en ligne. Un cercle de pierre était déjà installé, je n’avais plus qu’à faire un feu de camp. J’ai passé quelques jours féeriques avec, pour seul décor, l’Atlantique Nord tumultueux et un ciel digne des légendes vikings.

Il n’est pas évident de choisir un parcours plus spectaculaire qu’un autre. Dans cet ouvrage, les parcours proposés sont tous spectaculaires, mais aussi très différents, selon que l’on préfère la mer, la montagne ou la campagne. C’est en Europe septentrionale, l’Irlande, l’Écosse, les pays scandinaves et l’Islande, que l’on retrouve les espaces naturels les plus grandioses. En Italie du Nord, j’ai découvert les plus beaux paysages lacustres. Le long de la façade atlantique, du Portugal aux îles britanniques en passant par l’Espagne et la France, j’ai parcouru les plus beaux itinéraires maritimes.

Difficile d’évoquer les plaisirs du palais sans évoquer la France. J’ai fait la découverte d’un pays de Cocagne : le département du Cantal! Une région propice au camping-car, avec ses grandes étendues verdoyantes, ses cités médiévales de caractère et ses nombreuses haltes gourmandes. Avec plusieurs fromages d’appellation d’origine protégées (AOP) – cantal, salers, salers tradition, bleu d’Auvergne, Saint-Nectaire… –, ses viandes issues des races Aubrac et Salers et ses charcuteries fermières, le Cantal est une région à visiter en priorité pour se régaler! Faire le marché aux produits frais sur une place de village est aussi une expérience inoubliable.

Depuis quelques années, la côte méditerranéenne de l’Espagne et la côte Atlantique de la France se sont spécialisées dans le divertissement des familles. On y trouve des campings ultra-équipés proposant de nombreuses activités culturelles et sportives, des parcs aquatiques gigantesques avec piscines à vagues et glissades d’eau vertigineuses et des discothèques en plein air. L’ambiance est parfois bruyante. Cependant, ces lieux font la joie des enfants et des adolescents. Mon conseil : passez-y quelques nuitées en fin de périple. L’anticipation d’aller dans ce genre d’endroit permettra aux plus jeunes de gérer de façon plus positive les périodes d’ennuis de leur voyage. Après tout, il faut savoir contenter tout le monde…

Ma plus belle rencontre est celle que j’ai faite avec un berger corse. Il m’a parlé de l’amour de son pays et m’a aussi fait connaître son deuxième métier, coutelier, une activité qui le tient occupé lors de la pause hivernale. J’ai d’ailleurs acheté l’un ses couteaux qui, désormais, m’accompagne partout.

Je ne verrais pas d’inconvénient à poser mon camping-car de façon prolongée au sud du Portugal, dans la région de l’Algarve. Même si le secteur est de plus en plus touristique, il y règne une douceur de vivre hors du commun qui invite au farniente.

Pour moi, l’itinéraire de la NC 500, le long de la côte nord de l’Écosse, était le meilleur parcours pour rencontrer les gens du coin. En raison de la faible démographie et des localités sporadiques, la population est dotée d’une curiosité naturelle envers les visiteurs au point d’être plus encline à la discussion.

Pour ce conseil pratique, je vais m’exprimer sans tabou. Lorsqu’on voyage en van, il est important de s’équiper de toilettes sèches portatives. Lorsque vous vous retrouverez sur un emplacement de bivouac en pleine nature, loin de toute infrastructure sanitaire, vous serez tôt ou tard, confronté à un besoin pressant. Des toilettes sèches à charbon actif anti-odeurs apportent un confort sans précédent, tout en respectant l’environnement. C’est un équipement « cool » pour les adeptes de la vanlife. Bonne route!

Pour plus de renseignements sur les voyages en van et camping-car, consultez L’Europe en van et camping-car - 50 itinéraires de rêve.