Dialogue avec l'auteur Yves Ouellet - expert des voyages en VR

Après plus de 35 ans de voyages et d’expériences de plein air à travers le monde, Yves peut prétendre au statut de « bourlingueur » autant qu’à celui de communicateur. Il compte à son actif plusieurs milliers de reportages publiés dans les médias du Québec ou diffusés à la radio de Radio-Canada, en plus d’être l’auteur ou le coauteur d’une trentaine de beaux livres et de guides de voyage. Collaborateur et blogueur de longue date du magazine Camping Caravaning de la Fédération québécoise de camping et de caravaning (FQCC), il voue une passion au VR, un mode de vie qui l’a conduit à explorer le Québec et le continent nord-américain, en s’intéressant en priorité aux communautés francophones et aux Premières Nations.

Deux choses... La liberté et la découverte. Lorsqu'on transporte sa maison avec soi, on est chez soi presque partout. Surtout lorsqu'on atteint un certain âge ou quand on peut gérer son temps sans contrainte majeure, on est alors libre de s'attarder dans tous les endroits pour lesquels on éprouve un coup de foudre. Libre de dévier des itinéraires prévus pour profiter de mieux.

Le point fort du voyage en VR demeure la découverte... Découverte des cultures, des spécificités régionales, des particularités géographiques et historiques. Des spécialités culinaires et des habitudes sportives ou de plein air. Partout, les gens sont généralement très accueillants quand ils sentent qu'on les respecte et, surtout, qu'on s'intéresse à leur vie et à leur milieu.

Je préconise depuis plusieurs années les débuts et les fins de saison. Lorsqu'on explore des régions sauvages, mai et juin permettent d'éviter les insectes qui risquent de gâcher un voyage à d'autres périodes. Septembre et octobre deviennent des mois extrêmement agréables avec les changements climatiques. Saison idéale pour la rando. Et quand on n'aime pas les foules, ces périodes sont beaucoup plus tranquilles. Il faut cependant pouvoir camper en totale autonomie puisque les campings peuvent être fermés.

Pour les débutants, je favoriserais d'abord ma propre région, le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il s'agit d'une région qu'on peut faire en boucle, sans repasser au même endroit. La diversité des paysages et des activités, avec le fjord et le lac, contribue à constamment maintenir l'intérêt. La qualité des services est également à considérer.

On ne peut pas échapper au traditionnel tour de la Gaspésie. La première destination touristique des Québécois demeure d'actualité avec une route extraordinaire qui maintient le contact avec la mer. Le parc national Forillon est un incontournable.

J'adore le contact avec l'eau et notre majestueux Saint-Laurent et je demeure un fan fini de la Côte-Nord. On peut encore camper librement sur la plage à quelques endroits et on compte ici nombre de campings agréables en bord de mer. On y découvre l'univers des baleines d’un point de vue privilégié quand on fait du kayak de mer. Surtout, on a la révélation d'une culture singulière avec ses accents et son histoire.

La Floride côtière des parcs d'état. Il n'y a pas plus connu et surfait que la Floride me direz-vous. Mais explorer cet immense territoire en suivant la mer, de parc en parc, nous amène à découvrir un monde que même les habitués ne soupçonnent pas. Une nature tropicale des plus exotiques. Une faune ailée et marine fascinante (surtout avec les lamantins). Beaucoup de rencontres avec les "locaux" adeptes de pêche.

Notre plus long road trip demeure le plus marquant. L'Ouest américain à partir de Chicago, en suivant la mythique route 66. On ne peut qu'adorer Chicago. La route 66 est une magnifique aventure quotidienne. Un circuit encore marqué par son histoire unique et les nombreux attraits qui y sont liés. Une fois dans l'Ouest, nous sommes descendus vers le Nouveau-Mexique pour remonter jusqu'à Yellowstone en traversant les fabuleux parcs nationaux de l'Arizona et de l'Utah. À chaque jour son lot d'émerveillement.

À quelques kilomètres de Twillingate, la capitale terre-neuvienne des icebergs, nous nous sommes installés dans le village pittoresque de Little Harbour, au-dessus d'une crique devant laquelle était ancré un gigantesque iceberg qui ressemblait à un château avec ses tourelles. Exploration en kayak de mer. Baignade dans les eaux glacées. Visite amicale des villageois et spectacle mémorable.

Le tour du Cap-Breton offre son lot de panoramas extrêmement spectaculaires, alliage de montagne et de mer. La présence acadienne et écossaise ajoute au charme.  Un des campings à la vue la plus ahurissante du continent se trouve à l'extrême nord, à Meat Cove.

Rien ne bat le fish & chips du casse-croûte d’Herbert Fisheries, tout au nord de la Baie Georgienne, à Killarney. Dans ce charmant petit village isolé, le bateau du casse-croûte part chaque matin à la pêche. Il rapporte avant midi ce qu'on appelle ici du "white fish", qu'on découpe en filets dès l'arrivée. Les clients font la file pour savourer le poisson le plus frais possible. Malgré la distance, on vient de partout pour manger chez Herbert's.

Si vous n'avez qu'un enfant, je vous dirais d'amener son ou sa meilleure amie. Nombre de campings disposent maintenant d'équipements impressionnants pour amuser les enfants. Mais, je crois que rien ne les intéresse autant que de marcher au bord de la mer en y faisant mille découvertes. Le voyage en VR doit être un jeu et ce sont les parents qui en font la qualité.

Luc Jobin était un entomologiste qui faisait des recherches sur l'île d’Anticosti et que nous avons rencontré sur l'île lors d'un séjour en Westfalia avec notre fille, il y a 30 ans. Luc avait développé une incroyable passion envers l'histoire d'Anticosti et de l'un des personnages marquants de son histoire, le sorcier Gamache. Il en était devenu la réincarnation. Nous avons passé la soirée dans le West, éclairés à la chandelle, à écouter les histoires fantastiques de l'intarissable Luc Jobin sur le sorcier Gamache qui parlait au Diable!

Quand nous voulons juste relaxer, faire du beau kayak, lire sur la plage et rencontrer des gens plaisants, nous allons au Camping Lévesque, à Saint-Siméon. L'endroit compte nombre de fidèles habitués et les propriétaires les considèrent tous comme des amis. Malheureusement, madame Lévesque, qui avait pris la relève de son père, est décédée en 2021.

La Route de la Baie-James, naturellement. Surtout si on passe par le Lac-Saint-Jean pour débuter le circuit à Mistassini et Oujé‑Bougoumou. Nous sommes ici en plein territoire cri. La route, maintenant nommée en l'honneur du grand chef Ted Moses qui a signé la Paix des Braves avec Bernard Landry en 2002. Il s'agit, et de loin, de la route la plus dépaysante au Québec et de la plus nordique. Il n'y a pas à s'inquiéter de sa qualité et les routes secondaires qui mènent aux communautés ne sont pas pavées mais sont aussi bien entretenues. En arrivant dans une communauté Autochtone, dirigez-vous vers le bureau de tourisme local pour vous informer des choses à voir et à faire. Posez des questions. Restez respectueux et, surtout, souriant.

Faites preuve de souplesse. On part souvent avec un itinéraire déterminé mais c'est toujours en adaptant ce projet à la météo, aux découvertes, aux rencontres et à l'inspiration du moment, qu'on vit les moments les plus forts. La préparation est indispensable mais l'improvisation reste le plus grand des plaisirs.

Pour plus de renseignements sur les voyages en VR, consultez L'Amérique du Nord en VR - 50 itinéraires de rêve.