La Route 66

La Route 66

Dans Les Raisins de la colère, où John Steinbeck fait la chronique de la vie aux États-Unis à l’époque de la grande crise, il qualifie la Route 66 de « Mother Road » (route mère), une désignation qui lui convenait très bien à une certaine période de l’histoire américaine. Officiellement baptisée en 1926, cette route devait relier Chicago et Los Angeles en passant par des villes et villages autrement éloignés des grands axes de communication. De 1933 à 1938, sa construction a fourni de l’emploi à des milliers de jeunes hommes et, à son terme, son tracé diagonal desservait de petites communautés rurales de l’Illinois, du Missouri, de l’Oklahoma, du Kansas, du Texas, du Nouveau-Mexique, de l’Arizona et de la Californie, ce qui stimula l’industrie de camionnage, alors menacée par le chemin de fer. Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs soldats originaires du nord-est du pays, cherchant à échapper aux rigueurs de l’hiver, empruntèrent la Route 66 en quête de cieux plus cléments.

Mais l’adoption en 1956 de la Federal Aid Highway Act, une loi visant à remplacer la vieillissante Route 66 par un grand axe routier moderne, fit tomber cette voie historique en désuétude. En 1970, presque tous ses tronçons avaient été remplacés par des segments de la route I-40, à quatre voies. Beaucoup de localités situées sur l’ancien tracé perdirent dès lors de nombreux visiteurs essentiels à leur survie et finirent par s’éteindre, tandis que d’autres parvinrent tant bien que mal à survivre à la débâcle. C’est d’ailleurs dans ces villages de second rang, toujours bien vivants, que la Route 66 suscite le plus de fierté. Explorez la « Mother Road » pour connaître tous les secrets de cette fameuse porte vers l’Ouest.