L’ordre du Christ

L’ordre du Christ

L’ordre du Christ trouve ses origines dans l’ordre des Templiers, dont il est directement issu. L’ordre des Templiers est créé en Palestine en 1118, après la croisade de Godefroy de Bouillon. Plusieurs branches vont par la suite être créées en Europe, la branche portugaise se fixant dans un premier temps à Coimbra. Strictement réglementé, l’ordre est constitué de plusieurs catégories : les chevaliers, qui regroupent uniquement des nobles, les écuyers, les moines-soldats et finalement les prêtres formant le clergé.

L’ordre trouve sa justification dans son désir d’apporter les bienfaits de la chrétienté aux barbares (à coups de glaive, surtout!). Grâce à l’appui apporté à Afonso Henriques dans sa quête d’un royaume, et plus tard par l’aide octroyé à ce dernier dans la reconquête du pays, les Templiers portugais jouissent d’importants privilèges. De nombreuses terres leur sont ainsi concédées, les Templiers allant jusqu’à posséder au XIIe s. une grande partie du centre du royaume. Accumulant partout des richesses, allant jusqu’à être banquier du pape et prêtant aux rois et aux princes, l’ordre finit par susciter envie et convoitise auprès des puissants.

En 1307, le roi de France, Philippe le Bel, désargenté, prend la décision d’interdire l’ordre et, sous prétexte d’hérésie, confisque tous ses biens. Au Portugal, toutefois, les Templiers continuent dans un premier temps à bénéficier de leurs droits grâce à leur appui sans cesse renouvelé à la monarchie. Lorsque la bulle papale de 1312 supprime l’ordre des Templiers, Dom Dinis I, après avoir d’abord hésité quant à son application, acquiesce, mais obtient dès 1319 le droit de créer un nouvel ordre, nommé cette fois l’ordre du Christ. Malgré une dépendance renforcée envers la Couronne portugaise, les biens de l’ancien ordre ainsi que ses membres sont réhabilités au sein de la nouvelle institution. L’ordre du Christ devient de cette manière l’un des plus fidèles serviteurs de la cour et participe activement à la conquête du Nouveau Monde. Henri le Navigateur en sera même un fervent adepte.

À partir de 1359, Tomar voit s’établir le siège du nouvel ordre. Choyée des grands, qui y construisent un superbe monastère, la ville entre ainsi dans l’histoire prestigieuse du Portugal. Après une période de faste sans cesse grandissant, le roi João III obtient du pape en 1551 l’autorisation de s’approprier définitivement le titre de Grand Maître de la Croix, titre suprême de l’ordre. Le titre, dorénavant réservé aux rois, réduit de cette manière la puissance de l’ordre, qui va progressivement s’affaiblir en parallèle avec le pouvoir royal.