Cuba-États-Unis : le mariage historique de la faucille et du capital

Cuba-États-Unis : le mariage historique de la faucille et du capital

Les États-Unis et Cuba ont annoncé une normalisation de leurs relations diplomatiques après plus d’un demi-siècle de guerre froide.

« Plus tard, je serai étranger, Américain si possible », déclarait le week-end dernier Raulito, 11 ans, un jeune Havanais dont les parents appartiennent aux classes plutôt aisées de Cuba. « Il est malin ce petit. C’est vrai qu’il n’y a que les étrangers qui gagnent de l’argent. Nos médecins sont payés 30 dollars par mois et peut-être 1 000 fois plus aux États-Unis », ajoute le père de Raulito. La Révolution ne fait plus rêver personne dans l’île communiste.

Ancienne cadre du Parti communiste cubain, Mirta confiait récemment : « Comment les dirigeants américains ont-ils pu mener une politique aussi stupide pendant 50 ans? S’ils avaient levé l’embargo, normalisé les relations avec Cuba, le régime se serait effondré tout seul. » Si les Cubains se réjouissent depuis cet automne de l’espoir d’un changement de politique entre Washington et La Havane, une employée de banque résumait il y a peu l’état d’esprit de bien de ses compatriotes : « Il paraît que les Américains vont lever le blocus prochainement. C’est très bien, mais s’il n’y a toujours pas plus à manger à la shoppy [NDLR : shopping, l’épicerie], qui portera alors la faute? » Et l’un de ses amis, ancien commissaire de police, de conclure, un brin ironique : « Les Américains donnent des gros pourboires, mais il faut qu’il y ait des glaçons dans leurs verres. Ici, nous n’avons même pas l’électricité, alors les glaçons... »

Paru initialement dans Sud Ouest