La folie des grandeurs

La folie des grandeurs

Après quelques décennies d’accalmie, la folie des grandeurs a repris au tournant des années 2000 chez les promoteurs immobiliers qui œuvrent à Chicago et la course à l’érection de hautes tours a ainsi été relancée. Mais si la Sears Tower (aujourd’hui la Willis Tower) a été déclassée de son titre de plus haut gratte-ciel du monde il y a quelques années, elle demeure la plus haute de la ville (442 m) et le demeurera malgré les nouveaux venus récents ou annoncés.

Ainsi, en 2006 furent entrepris les travaux de la Waterview Tower, une nouvelle tour qui devait comprendre 89 étages et culminer à environ 320 m, dans Wacker Drive, tout juste au sud de la Chicago River. Des difficultés financières diverses ont toutefois forcé l’interruption des travaux peu après leur début, et ils ne reprirent qu’en 2012 dans le cadre du projet plus modeste d’un gratte-ciel de 59 étages connu aujourd’hui sous le nom de OneEleven.

Le milliardaire new-yorkais, devenu depuis président des États-Unis, Donald Trump a pour sa part inauguré en 2008 un imposant gratte-ciel de 92 étages de l’autre côté de la rivière, sur l’emplacement de l’ancien immeuble du Chicago Sun-Times, derrière le Wrigley Building. Le Trump International Hotel & Tower culmine à 351 m (409 m en incluant son antenne).

Un autre projet, mis de l’avant à peu près à la même époque, avait soulevé l’ire de Trump parce que encore plus spectaculaire. Le Chicago Spire, un immeuble entièrement résidentiel (1 193 unités) de 150 étages, devait ainsi être érigé au confluent du lac Michigan et de la Chicago River. L’architecte espagnol Santiago Calatrava a dessiné pour ce projet, qui ne verra finalement jamais le jour à cause de problèmes de financement, une monumentale tour aux formes élégantes dans le but avoué d’en faire le symbole de la ville.

Depuis, un nouveau projet d’envergure, baptisé pour l’instant le 400 Lake Shore Drive, a été imaginé pour le même site par le légendaire bureau d’architectes Skidmore, Owings & Merrill (SOM). Prévu pour 2023, le complexe serait composé de deux tours jumelles, dont une atteindrait une hauteur de 335 m. Ces gratte-ciel seraient faits de verre et de terracotta, un matériau jadis très utilisé à Chicago.

D’ici là, un nouveau géant signé par l’architecte chicagoenne Jeanne Gang, la Vista Tower, aura vu le jour en 2020. Il sera en fait constitué de trois tours dont la plus grande atteindra 363 m de haut et comprendra 93 étages.

Et à tout cela s’ajoutent d’autres projets encore, à l’étude ou en construction, comme le One Chicago Square, un complexe de deux tours de 49 et 76 étages inspirées de la manière de Mies van der Rohe, qui s’élèverait à l’angle des rues State et Chicago dans le quartier de River North (2021); la Wolf Point South Tower, la plus haute tour (70 étages, 290 m) d’un ensemble de trois en cours d’élaboration dans le River North également, au point de rencontre des trois branches de la Chicago River (2023); et le gratte-ciel géant que les récents acquéreurs de la Tribune Tower construiraient juste à côté d’ici 2023 et qui deviendrait rien de moins que le deuxième parmi les plus hauts de la ville (96 étages, 433 m).