Rimbaud et la Commune

Rimbaud et la Commune

Du 25 février au 10 mars 1871, Arthur Rimbaud séjourne à Paris. Il fréquente les librairies et cherche à contacter de futurs « communards » dans les milieux journalistiques et littéraires. On dit qu’il serait rentré ensuite à pied à Charleville, son lieu de naissance (1854) et d’habitation, situé à 240 km de la capitale. Le 1er mars, les troupes prussiennes entrent dans Paris et défilent sur les Champs-Élysées. Le 18 mars, l’insurrection du peuple de Paris débute. Le 7 avril, les Versaillais bombardent Neuilly. Le 12 avril, malgré la réouverture du collège de Charleville (repoussée de plusieurs mois à cause de la guerre), Rimbaud ne reprend pas ses études. Il décroche un emploi au Progrès des Ardennes qu’il occupera seulement cinq jours, le journal ayant été suspendu dès le 17 avril, jour où il envoie une lettre (compte rendu de son séjour à Paris) à Paul Demeny, son grand ami poète. Du 17 avril au 13 mai, Rimbaud se serait de nouveau rendu à Paris pour s’engager dans la Garde nationale ou pour participer à la Commune (ce que soutiennent ses amis écrivains Ernest Delahaye, Germain Nouveau et Paul Verlaine).

« Je serai un travailleur : c’est l’idée qui me retient quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris, où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris! Travailler maintenant, jamais, jamais; je suis en grève. Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant. » Extrait de lettre à Georges Izambard, le 13 mai 1871.

De retour à Charleville, Rimbaud adresse cette lettre (première des lettres dites « du Voyant ») à l’un de ses anciens professeurs du collège de Charleville, Georges Izambard. Il y exprime sa solidarité envers le mouvement insurrectionnel et ébauche un « art poétique ». Le 15 mai, il fait parvenir à Paul Demeny une lettre dans le même esprit, mais beaucoup plus étoffée. Du 21 au 28 mai, les Versaillais pénètrent dans Paris : c’est la « Semaine sanglante ».

Arthur Rimbaud enverra en septembre 1871 une lettre à Verlaine qui contient le poème L’Orgie parisienne ou Paris se repeuple. Il y évoque Paris après la Commune. Le poème dénonce la lâcheté des vainqueurs auxquels Rimbaud s’adresse.