Un air de flamenco

Un air de flamenco

De la variété et de la richesse des traditions musicales ibériques, on n’a souvent retenu à l’extérieur de l’Espagne que le flamenco, qui semble jouir d’une reconnaissance générale, à en juger par le succès qu’il remporte en Inde ou au Japon!

Né dans le cœur occidental de l’Andalousie et issu d’origines controversées, le cante jondo, le « chant profond », est une alchimie complexe, fusion de traditions dissemblables - indienne, arabe, byzantine - avec la plainte des gitans. C’est au XVIIIe s. qu’il sort de l’ombre des patios pour se professionnaliser dans les cafés-concerts de l’époque, et s’enrichir avec les sons de la guitare et la sensualité de la danse. Depuis toujours, sans cesser d’évoluer, la voix âpre du flamenco parle d’amour, de vengeance, de jalousie ou de mort. Le chant gitan connaît son âge d’or entre 1860 et 1910 et une renaissance à partir de 1951 avec l’inoubliable Antonio Mairena. Sa première percée dans le grand public s’accomplit avec Camarón de la Isla et Paco de Lucía. Chemin faisant, et à une vitesse étrangère à la lente décantation qui est la sienne, le flamenco fusionne avec d’autres rythmes, du jazz au pop, du rock à la salsa cubaine. Le flamenco fut d’abord andalou, puis espagnol et il est aujourd’hui international. Pas étonnant qu’il fasse partie, depuis 2010, du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

L’histoire du flamenco est celle d’une culture nomade qui ignore les frontières. Il devait fleurir aussi à Barcelone, où il arriva avec les gitans, des immigrants qui comme tant d’autres s’installent dans la capitale catalane dès les années 1950. Miguel Poveda, un cantaor exceptionnel, est né de ce terreau fertile.