Les marchés libres paysans

Les marchés libres paysans

Les marchés libres paysans, soit les agromercados, ont vu le jour pour la première fois en 1980. Dans la vague de décentralisation et de restructuration qui marqua la fin des années 1970, le gouvernement avait permis l’établissement de ces marchés afin de répondre aux difficultés d’approvisionnement en denrées auxquelles faisait face la population, spécialement à La Havane.

Dans un premier temps, les fermes d’État furent converties en coopératives agricoles. On établit ensuite que, une fois les quotas de l’État atteints, les agriculteurs pourraient user de leurs surplus comme bon leur semblerait. Les prix seraient librement fixés, tout comme les choix de productions.

Dès 1982, les marchés libres paysans furent durement attaqués à cause des abus qu’ils engendrèrent. Prix exorbitants, profits démesurés et diversions des ressources de l’État forcèrent le gouvernement à intervenir et à régulariser leur fonctionnement. Il semble bien que cela ait eu peu d’effet puisque, au mois de mai de l’année 1986, ces marchés furent fermés de façon permanente pour les mêmes raisons. Les abus étaient alors tels que les agromercados devinrent l’une des cibles principales de la « campagne de rectification ».

Finalement, ce n’est que depuis 1994, au pire de la pénurie alimentaire, que les marchés libres paysans purent rouvrir leurs portes. Les mêmes abus y sont toujours, mais que faire dès lors qu’il faut nourrir la population? Pour les Cubains les plus pauvres, ces marchés sont l’indice même de leur misère croissante et le symbole de ce capitalisme discriminatoire qui reprend position sur l’île du socialisme.