Aux débuts de la colonisation de l’Indochine, sur l’initiative du jeune officier Francis Garnier, une Commission d´exploration du Mékong est créée. Son but est d’en localiser la source et d´examiner la possibilité de rejoindre la Chine par le fleuve, afin d’en faire une voie propice aux échanges commerciaux avec l´Indochine, et donc avec la France. Le commandement de l’expédition est confié au capitaine de frégate Doudart de Lagrée.
De cette entreprise périlleuse qui durera deux ans (1866-1868), Francis Garnier rapporte un récit vivant, riche en renseignements sur les contrées traversées, dont certaines étaient encore inconnues : après une longue halte sur le site d’Angkor, au Cambodge, l’expédition remontera le fleuve jusqu’au Laos, poursuivra sa route vers le Yunnan en grande partie par voie terrestre, puis rejoindra le fleuve Bleu, pour finalement descendre sur Shanghaï et rejoindre Saïgon.
En effet, les explorateurs doivent rapidement se rendre à l´évidence: le Mékong n´est navigable que sur des biefs plus ou moins longs, séparés entre eux par des rapides infranchissables. De plus, des rebellions locales contraignent l’expédition à abandonner le cours du fleuve et à continuer par voie terrestre. Dans sont récit, l’auteur fait aussi état des difficultés que les explorateurs ont à affronter tout au long du voyage : le transport par voie terrestre, lorsque le fleuve n’est plus navigable, des très importants bagages de l’expédition (3 à 4 tonnes de matériel), le ravitaillement, les petits potentats locaux avec lesquels il faudra de transiger, etc.
Ce périple de 6700 km, traversant jungles, contrées désertes et pays dévastés par la guerre, est fatale à Doudart de Lagrée qui meurt des fièvres en cours de route. Francis Garnier, son second, prend alors le commandement de l’expédition
Ce récit, bien que l’un des plus riches et des plus passionnants du 19e siècle, n’a jamais été réédité dans son intégralité depuis sa première publication en 1884.
De cette même expédition, les Editions Olizane ont déjà publié en 2003 le compte rendu de Louis de Carné, qui propose un regard fort différent sur les péripéties de l’entreprise.