De Troie à Bodrum Accueil / Contenus / Asie et Asie Mineure / Turquie / De Troie à Bodrum Troie | © Dreamstime.com/Brian Maudsley Au début du XIXe siècle, un petit garçon allemand reçoit un livre où l’on illustre la prise d’une ville antique par les armées grecques. Cette ville, c’est Troie, et la retrouver deviendra le rêve de la vie d’Heinrich Schliemann. Il apprend le grec en autodidacte pour pouvoir lire Homère dans le texte et fait fortune dans les affaires pour pouvoir financer son expédition. La légende, l’Iliade et les déductions amènent Schliemann à conclure que Troie doit se trouver à l’entrée des Dardanelles, en face de Gallipoli, où tomberont des soldats alliés au cours de la Grande Guerre.Schliemann n’a pas trouvé qu’une ville en 1868. Il en a trouvé neuf, empilées les unes par-dessus les autres. Le site mis au jour par Schliemann était habité 4 000 ans avant notre ère, bien avant la destruction de Troie (vers 1250 av. J.-C). De fait, l’archéologue s’est même trompé en identifiant la neuvième strate comme la cité de Priam, tout comme il l’a fait en attribuant à Hélène le fabuleux trésor que ses fouilles lui ont permis d’exhumer. Après sa chute, la ville est passée successivement aux mains des Perses, d’Alexandre le Grand et des Romains.Aujourd’hui, Troie demeure une escale incontournable, presque un pèlerinage pour tous ceux qui ont été charmés, au travers des siècles, par l’épopée d’Hector, d’Achille, d’Ulysse et de tant d’autres. Il ne faut cependant pas se bercer d’illusions; Troie est un site archéologique et non une reconstitution hollywoodienne. On y voit surtout de vieilles pierres, et il revient à chacun de les habiller d’un rêve.En se dirigeant vers le sud, on ne tarde pas à parvenir à la petite ville d’Assos, qui vaut le détour. La vieille ville montre des remparts qui datent de l’Antiquité grecque. On y trouve aussi un charmant petit port. Enfin, le site est enchanteur et riche en plages.La prochaine halte sur le chemin de la côte est Ayvalik et l’île d’Atibey. On s’y arrête pour le marché du jeudi, pour les mosquées, mais aussi pour l’architecture levantine, bien préservée dans ce secteur qui fut habité par les Grecs jusqu’à la création de la Turquie.Encore plus au sud et un peu en retrait de la côte, Bergama, l’antique Pergame, accueille les visiteurs depuis 2 000 ans. Un général d’Alexandre le Grand la fit jadis ceindre de remparts pour y entreposer un trésor. Lorsque l’empire du conquérant tomba, le gardien du trésor s’en servit pour faire de la ville le centre de son petit royaume. Les souverains successifs parvinrent à étendre leurs possessions et profitèrent de leurs succès pour embellir l’acropole de la ville et l’enrichir de monuments. Transmise en héritage à Rome, la ville ne tarde pas à devenir la capitale des provinces romaines d’Asie. Les Romains continuèrent de l’embellir, et la cité devint même, pour un temps, un célèbre centre de cure où les malades venaient de partout pour être examinés par Galien. La cité était alors célèbre aussi pour sa bibliothèque, riche de 200 000 rouleaux. C’était la seconde bibliothèque du monde antique en importance, après celle d’Alexandrie. Marc Antoine offrit d’ailleurs sa collection en cadeau de mariage à Cléopâtre. Aujourd’hui, Pergame ne compte même pas 40 000 habitants. Mais il fut une époque, vers le IIe siècle, où il s’agissait d’une brillante métropole forte de plus de 150 000 âmes.Il y a beaucoup de sites à visiter à Pergame. La plupart ne recèlent que des ruines plus ou moins bien conservées. Le recours à une visite guidée n’a rien d’un luxe, ne serait-ce que pour aborder les trésors de la ville avec une certaine méthode. Pour une somme relativement modique, on peut profiter d’un circuit en taxi, organisé par l’office de tourisme. Il n’est pas non plus inutile de faire précéder la visite des sites par celle du Musée archéologique (9h à midi et 14h à 16h).L’acropole de la cité rassemble les temples dédiés à Zeus, Athéna et Dyonisos. L’empereur romain Trajan, prétendant à la divinité, y a fait construire son temple. On y trouve encore les casernes, une agora, la bibliothèque, les palais royaux et un spectaculaire théâtre pouvant accueillir 20 000 spectateurs. En redescendant, on trouve encore un temple dédié à Déméter, un imposant gymnase, des bains, un odéon et une seconde agora réservée au commerce.Du côté opposé de la ville se trouve un autre complexe, celui voué à Asclépios par le monde hellénistique puis à Esculape par ses successeurs romains. Les vestiges actuellement visibles sont d’ailleurs principalement attribuables à ces derniers. Là, on soignait les malades venus de partout au moyen de cures complètes. Le traitement faisait aussi bien place à l’hypnose qu’aux bains de boue et au théâtre. Enfin, Pergame renferme aussi un temple voué aux divinités égyptiennes.Une centaine de kilomètres plus au sud, Izmir, 2 000 000 d’habitants, est la troisième ville de Turquie.C’est une ville moderne, principalement parce que les troupes grecques l’ont incendiée au début du XXe siècle pour retarder l’armée turque, qui s’y est néanmoins installée à demeure. La population locale est celle d’une grande ville, ce qui amène une certaine rupture dans le tissu social. La tradition est moins forte ici, surtout sur le front de mer, où se concentrent cafés, restaurants chics et boutiques. Les bars branchés sont principalement situés dans le quartier d’Alsancak.L’époque ottomane a laissé à la ville de Smyrne un intéressant bazar et des monuments finement décorés, comme la Tour de l’Horloge. Et, bien avant, Alexandre le Grand a fait construire l’agora et le Kedifale, la "forteresse de velours". Gustave Eiffel a dessiné une halle aux poissons pour la ville. On l’utilise aujourd’hui comme galerie marchande.En retrait d’Izmir, rien ne semble désigner la petite ville de Sart, autrefois appelée Sardes, comme une destination touristique d’importance. Et pourtant elle fut jadis la capitale d’un royaume : la Lydie. Son plus célèbre monarque, Crésus, vécut un peu plus de 500 ans avant notre ère.Devenu colossalement riche en raison de l’or que charriait une rivière voisine, le Pactole, il inventa la monnaie. De ce royaume révolu et des empires qui lui ont succédé, il reste aujourd’hui certains vestiges, tel le temple d’Artémis et le gymnase.Toutefois, c’est encore sur la côte, à 75 km au sud d’Izmir, que se trouvent les principaux trésors de la côte égéenne. Entre Selçuk et Efes s’étendent les vestiges de l’antique cité d’Éphèse, l’une des cités ioniennes. Elle fut pour un temps la grande place marchande d’Asie avec ses 200 000 habitants. La ville s’est développée autour d’un port exceptionnel relié à la mer par un chenal de 2 km. Le retrait progressif de la mer entraînera d’ailleurs le déclin de la cité, plus sûrement que les invasions. Habitée depuis 4 000 ans, l’agglomération était vassale du royaume de Lydie jusqu’à la conquête de l’Anatolie par les Perses. Après, Alexandre la libéra, et Éphèse passa sous la férule de Pergame avant de devenir elle-même capitale des provinces romaines d’Asie. Éphèse et sa région occupent également une place très particulière dans l’histoire du christianisme. Une tradition veut que la Vierge soit décédée à Meryemana, tout juste au sud. Saint Paul a par ailleurs fondé une communauté chrétienne à Éphèse, et saint Jean y a écrit son évangile. Lui et saint Luc seraient d’ailleurs inhumés à Éphèse.Un pareil parcours historique ne va pas sans laisser de traces. On a d’ailleurs construit à Éphèse une des Sept Merveilles du monde, le temple d’Artémis. Il ne reste malheureusement que bien peu de choses de ce temple qui fut jadis long de 105 m et large de 55 m, et dont les colonnes mesuraient 17 m. La voie Arcadiane était l’artère centrale de la ville. On l’empruntait pour aller du port au grand théâtre, où 25 000 spectateurs pouvaient prendre place. Des édifices et aménagements de toutes sortes ont survécu à la ville romaine puis à la cité byzantine. Citons, parmi les plus célèbres, la basilique Saint-Jean, l’agora, la bibliothèque de Celsus, des gymnases, des thermes, le Prytanée, le temple d’Hadrien, l’odéon et les maisons bourgeoises du mont Coressos.D’autres villes antiques ont également occupé l’arrière-pays d’Éphèse. On peut ainsi visiter Nyssa, Aphrodisias et Pamukkale, trois sites qui ont, tout au moins, le mérite d’être assez éloignés du littoral pour être un peu moins fréquentés. À Nyssa, le principal attrait est un théâtre particulièrement bien conservé.Comme son nom l’indique, Aphrodisias est d’abord un sanctuaire voué à la déesse grecque de l’amour Aphrodite. Le temple de la déesse dresse encore ses colonnes dans le ciel de la ville. La cité s’est surtout développée sous la protection de Rome, jusqu’à devenir un des pôles intellectuels de l’empire. Son école de sculpture, favorisée par la présence proche de carrières de marbre, a connu une vogue dans toute la Méditerranée. Il faut absolument voir sur place le stade de la ville, peut-être le plus beau qui ait survécu à la chute de Rome. De même, l’odéon, l’agora, les thermes d’Hadrien, le théâtre et le musée de la ville méritent tous le détour.Pamukkale est entrée dans l’histoire, sous le nom de "Hiérapolis", en raison de ses sources thermales, qui ont forgé un paysage unique, une espèce d’escalier de sel dont chaque marche est une flaque turquoise. Ce paysage est toutefois menacé depuis que le développement hôtelier de la région s’est accaparé l’eau des sources. Hiéropolis, c’était aussi une ville antique habitée par une centaine de milliers d’habitants au début de notre ère. Il en reste bien des vestiges : un temple voué à Apollon, une palestre et une basilique chrétienne.Sur le littoral, juste un peu au sud d’Éphèse, se trouve la grande station balnéaire de Kusadasi. Elle accueille chaque année des dizaines de milliers de touristes dans ses complexes hôteliers.Éphèse est probablement la plus connue, mais c’est loin d’être la seule cité ionienne digne d’intérêt. Située juste au sud de Kusadasi, Priène témoigne du bel urbanisme des villes hellénistiques avec ses rues qui se coupent à angle droit. Le temple d’Athéna en est le principal point d’intérêt. Encore un peu plus au sud, Milet a elle aussi conservé des ruines dignes d’intérêt, dont un théâtre. Toujours plus au sud, Didymes protège, quant à elle, les vestiges impressionnants de son temple d’Apollon.Enfin, la partie égéenne de la côte turque se termine par une très belle station balnéaire : Bodrum. La ville fut autrefois connue sous le nom d’"Halicarnasse", et l’on y trouvait le Mausolée, une des Sept Merveilles du monde. Un séisme a depuis longtemps détruit le somptueux monument funéraire du roi Mausole, mais la ville a tout de même conservé un théâtre et un impressionnant château érigé par l’ordre de Saint-Jean à l’époque des croisades. La ville de Bodrum est entourée de plages et de criques, idéales pour la baignade, la plongée et les excursions en bateau. D'autres articles qui pourraient vous intéresser : ATTRAITS DU CAIRE RHODES OLYMPIE